Titre:
Aux ci-devant dynastiques, aux tartufes du peuple et de la liberté
Sujet:
poésie
Date:
1848
Source:
Consulté le 31 août 2016 de non-fides.fr
Notes:
Mars 1848. Imprimerie d'A. René, rue de Seine, Paris.
Joseph Déjacque
Aux ci-devant dynastiques, aux tartufes du peuple et de la liberté
Comme une pierre aux mains d’un vigoureux Alcide
Sillonne au loin l’espace où la fronde le guide ;
Que ne puis-je, élancé de mon cœur,
Faire bondir mon vers au front de l’imposteur,
Du caillou de ma haine ensanglanter sa face ;
Et, les yeux flamboyants d’une ardente menace,
Comme un fantôme errant dans la nuit des complots,
De ma torche civique éclairer leur champ-clos ;
Et de mon souffle enfin, comme un foudre de flamme,
Pulvériser d’un coup leur politique infâme !
Ah ! vous prêchez la guerre, ô Girondins bâtards !
Vous venez insulter au bras des Montagnards !
Dans l’auge du mépris quand nos justes colères
Laissent en paix croupir vos noms impopulaires
Quand sur tant de forfaits la jeune liberté
Jette le grand manteau de la fraternité ;
Et, du haut du pouvoir, quand notre République,
Cette fille du Ciel, du code politique
Efface de sa main le supplice de mort.
Vous reprenez courage et perdez le remord ;
Vous croyez que le peuple, oublieux de vos crimes,
N’a plus de pilori pour venger les victimes,
Que l’instant est venu, tartufes de juillet,
D’essayer de nouveau votre argot de banquet ;
Que de Ledru-Rollin la noble circulaire
Peut sous votre venin, celle arme de vipère,
Servir à faire naître encore des Seipionsî
— Misérables valets de vos ambitions,
On vous voit chaque jour par votre polémique
Chercher à désunir de notre République
Les meilleurs citoyens, les glorieux tribuns.
Vous louez par ici, vous caressez les uns,
Vous jouez ja terreur, l’alarme avec les autres.
— Disciples du passé, de l’egoïsme apôtres,
Non, vous if avez au, coeur nul élan généreux.
Et plus que les Guizot, vous etes les lépreux ;
Du poison libéral gangrenés jusqu’à l’ame,
Vous conservez encor je vermoulu programme ?
Et, bourgeois par nature et par instinct bourgeois,
Vous n’avez rien appris des leçons d’autrefois,
Ecoutez !… Et voyez, gens de bagne et de corde,
Si vous voulez de nous guerre ou miséricorde ;
Comme, en 89 un serment solennel
En février dernier, a monté jusqu’au Ciel.
Sur les pavés sanglants la grande voix publique
A proclamé ceci : La France en République !
Ce qu’elle a proclamée aux échos de Paris,
Ce n’est pas un vain nom : le peuple l’a compris.
Ce qu’il veut désormais, lui, que la faim tenaille,
C’est du pain, un abri pour celui qui travaille ;
C’est du travail pour tous, pour tous la libelle ;
C’est le gouvernement de la fraternité ;
Ce sont des droits égaux, et des charges communes,
Légères pour les bras, lourdes pour les fortunes ;
C’est que chacun de nous, artisan du devoir,
Soit honoré pour soi, pour ce qu’il peut valoir,
Et non pas pour son or, son oisive opulence ;
Ce qu’il veut, et veut bien ! c’est qu’an sein de la France
Tous ces vils apostats tremblent à son seul nom,
Et qu’ils cherchent dans l’ombre oubli, grace et pardon.
Or, il est bon qu’on sache et que l’on se souvienne
Que si dans l’ Assemblèe il se montrait certaine
Figure judaïque, objet de nos clameurs,
Ces Thiers et ces Burrot, politiques jongleurs,
Il pourrait arriver, comme en 93,
Que la terreur sortît de son lit de fournaise ;
Que du peuple d’azur l’orageux horizon
De sa foudre en courroux frappat la trahison.
Nous ne le voulons pas. Nous pensons que les piques
Bien moins que les carcans servent les républiques.
C’est pourquoi, chaque jour, au poteau du mépris
Nous riverons vos noms, jésuitiques bandits ;
C’est afin d’éviter les sanglantes justices
Que nous dévoilerons vos forfaits et vos vices ;
Certains qu’il n’est besoin que du gibet moral
Pour étouffer en vous la puissance du mal.
Peuple, ma voix est Apre, et mon coeur seul m’inspire ;
Mais la lyre toujours patrona la satire.
Par elle soutenu, je veux sur tout chemin
Flageller nos félons de ma libre d’airain ;
Ainsi que le remords au chevet des alcôves,
Je veux, mais au grand jour traînant leur face fauve,
Comme un cachet du bagne au sortir du brasier,
Imprimer sur leurs chairs ma férule d’acier ;
Sur l’estrade infamante où ma plume les compte.
Faire couler à flots toute et toute leur honte,
Et traîner sur la claie avec leurs oripeaux
Leurs noms et leur honneur déchirés en lambeaux ;
Et, comme aux jours derniers les jugements suprêmes,
Faire tonner sur eux les vengeurs anathèmes !
Puisse ! comme jadis la vigueur à Samson
Dieu donnera ma voix le vibrant diapason ;
Et de nos Philistins, comme l’Hercule antique,
M’enterrer, s’il le faut, sous leur dernier portique !
Sillonne au loin l’espace où la fronde le guide ;
Que ne puis-je, élancé de mon cœur,
Faire bondir mon vers au front de l’imposteur,
Du caillou de ma haine ensanglanter sa face ;
Et, les yeux flamboyants d’une ardente menace,
Comme un fantôme errant dans la nuit des complots,
De ma torche civique éclairer leur champ-clos ;
Et de mon souffle enfin, comme un foudre de flamme,
Pulvériser d’un coup leur politique infâme !
Ah ! vous prêchez la guerre, ô Girondins bâtards !
Vous venez insulter au bras des Montagnards !
Dans l’auge du mépris quand nos justes colères
Laissent en paix croupir vos noms impopulaires
Quand sur tant de forfaits la jeune liberté
Jette le grand manteau de la fraternité ;
Et, du haut du pouvoir, quand notre République,
Cette fille du Ciel, du code politique
Efface de sa main le supplice de mort.
Vous reprenez courage et perdez le remord ;
Vous croyez que le peuple, oublieux de vos crimes,
N’a plus de pilori pour venger les victimes,
Que l’instant est venu, tartufes de juillet,
D’essayer de nouveau votre argot de banquet ;
Que de Ledru-Rollin la noble circulaire
Peut sous votre venin, celle arme de vipère,
Servir à faire naître encore des Seipionsî
— Misérables valets de vos ambitions,
On vous voit chaque jour par votre polémique
Chercher à désunir de notre République
Les meilleurs citoyens, les glorieux tribuns.
Vous louez par ici, vous caressez les uns,
Vous jouez ja terreur, l’alarme avec les autres.
— Disciples du passé, de l’egoïsme apôtres,
Non, vous if avez au, coeur nul élan généreux.
Et plus que les Guizot, vous etes les lépreux ;
Du poison libéral gangrenés jusqu’à l’ame,
Vous conservez encor je vermoulu programme ?
Et, bourgeois par nature et par instinct bourgeois,
Vous n’avez rien appris des leçons d’autrefois,
Ecoutez !… Et voyez, gens de bagne et de corde,
Si vous voulez de nous guerre ou miséricorde ;
Comme, en 89 un serment solennel
En février dernier, a monté jusqu’au Ciel.
Sur les pavés sanglants la grande voix publique
A proclamé ceci : La France en République !
Ce qu’elle a proclamée aux échos de Paris,
Ce n’est pas un vain nom : le peuple l’a compris.
Ce qu’il veut désormais, lui, que la faim tenaille,
C’est du pain, un abri pour celui qui travaille ;
C’est du travail pour tous, pour tous la libelle ;
C’est le gouvernement de la fraternité ;
Ce sont des droits égaux, et des charges communes,
Légères pour les bras, lourdes pour les fortunes ;
C’est que chacun de nous, artisan du devoir,
Soit honoré pour soi, pour ce qu’il peut valoir,
Et non pas pour son or, son oisive opulence ;
Ce qu’il veut, et veut bien ! c’est qu’an sein de la France
Tous ces vils apostats tremblent à son seul nom,
Et qu’ils cherchent dans l’ombre oubli, grace et pardon.
Or, il est bon qu’on sache et que l’on se souvienne
Que si dans l’ Assemblèe il se montrait certaine
Figure judaïque, objet de nos clameurs,
Ces Thiers et ces Burrot, politiques jongleurs,
Il pourrait arriver, comme en 93,
Que la terreur sortît de son lit de fournaise ;
Que du peuple d’azur l’orageux horizon
De sa foudre en courroux frappat la trahison.
Nous ne le voulons pas. Nous pensons que les piques
Bien moins que les carcans servent les républiques.
C’est pourquoi, chaque jour, au poteau du mépris
Nous riverons vos noms, jésuitiques bandits ;
C’est afin d’éviter les sanglantes justices
Que nous dévoilerons vos forfaits et vos vices ;
Certains qu’il n’est besoin que du gibet moral
Pour étouffer en vous la puissance du mal.
Peuple, ma voix est Apre, et mon coeur seul m’inspire ;
Mais la lyre toujours patrona la satire.
Par elle soutenu, je veux sur tout chemin
Flageller nos félons de ma libre d’airain ;
Ainsi que le remords au chevet des alcôves,
Je veux, mais au grand jour traînant leur face fauve,
Comme un cachet du bagne au sortir du brasier,
Imprimer sur leurs chairs ma férule d’acier ;
Sur l’estrade infamante où ma plume les compte.
Faire couler à flots toute et toute leur honte,
Et traîner sur la claie avec leurs oripeaux
Leurs noms et leur honneur déchirés en lambeaux ;
Et, comme aux jours derniers les jugements suprêmes,
Faire tonner sur eux les vengeurs anathèmes !
Puisse ! comme jadis la vigueur à Samson
Dieu donnera ma voix le vibrant diapason ;
Et de nos Philistins, comme l’Hercule antique,
M’enterrer, s’il le faut, sous leur dernier portique !