Abu-l-Ala al-Maari
« Toutes les religions se valent dans l’égarement »
Hommage à Al Maari (973-1057)
En février 2013 mourrait une deuxième fois, quelques 956 ans plus tard et dans sa ville natale et mortelle de Maarat al-Nou’man, le grand poète syrien "islamophobe", "judéophobe", "christianophobe" et "autoritarophobe", Abu-l-Ala al-Maari, sa statue décapitée par les cannibales sociaux de Jabhat al-Nosra (Al-Qaeda -le Grand Frère du terrorisme djihadiste- en Syrie). Mais ce n’est rien comparé à tous les corps faits de chairs et de sang passés sous la lame, les bombes, les balles, le viol, la torture et la faim. De Paris à Alep, de Daesh à Al-Qaeda, de Riyad à Téhéran. En l’an mil comme en 2016, on ne s’agenouillera pas, ni nous ne nous prosternerons devant les prescriptions nommées Dieu.
Solidarité avec les incroyants du monde entier - la religion des pauvres, c’est le sabotage.
Voici donc quelques vers d’un subversif d’autrefoi, Abu-l-Ala al-Maari (973-1057).
— Non Fides
Religion
Parmi eux le vers libre et le vers enchaîné. »
Vos religions sont subterfuges des Anciens.
Ils disent que le Temps mourra bientôt,
Que les jours sont à bout de souffle.
Ils ont menti – ils ignorent son échéance.
N’écoutez pas ces champions de fourberie.
Et prenne la parole devant une foule muette.
Illusion trompeuse – il n’est d’imam que la raison,
Notre guide de jour comme de nuit.
qui procurent la terreur à l’aide de versets,
Comme d’autres dans les tavernes
Procurent le plaisir.
Et nous ont apporté toutes sortes de malheurs,
Les corps vont à la poussière.
Aucun savant ne sait où va l’âme.
Et mon voyage est pour un monde ailleurs.
Cela malgré moi aussi, et Dieu m’en est témoin !
Suis-je prédestiné, entre ces deux mondes,
A accomplir une tâche,
Ou suis-je libre de mes choix ?
Ignorance - solides demeures habitées.
Pour cette raison, c’est un objet invendable
parmi les vivants.
Malheur à lui ! Quel homme n’a pas connu l’impiété ?
Et les versets, mélodies.
Ils en ont joué, puis, dans leur infamie,
Les ont agitées comme des épées
Sur l’homme paisible qui veille
Au clair de lune.
Mais plutôt celui qui, craignant l’enfer,
Persiste dans sa furie.
Qu’elles soient païennes, musulmanes,
juives ou chrétiennes.
Loin de moi, Ô genre humain !
Puissé-je rester sous terre et ne pas me lever
Quand Dieu vous appellera à la résurrection !
L’apogée de mes efforts se trouve
Dans l’intuition et les pressentiments.
Et mes investigations.
J’affirme, malgré cela,
Que je suis perdu et ignorant.
Les habitants de la terre.
Leurs descendants se sont groupés en sectes
Qui ne peuvent fraterniser.
Si l’inimitié n’avait été dans leur nature,
Dès l’origine,
Mosquée, église et synagogue
N’auraient fait qu’une.
Elle n’a pas d’aube dans les yeux des humains.
Est un spectre qui passe son chemin.
Coran, Torah, Évangile
Prescrivant leurs lois …
A toute génération ses mensonges
Que l’on s’empresse de croire et consigner.
Une génération se distinguera-t-elle, un jour,
En suivant la vérité ?
Ceux qui ont la raison sans religion,
Et ceux qui ont la religion et manquent de raison.
Toutes les religions se valent dans l’égarement.
Elles est claire :
Ne suis-je pas, comme les autres,
Un imbécile ?
— Abu-l-Ala al-Maari
Autres pensées
Il est inévitable qu’elles subissent
modification et changement.
Me voici éternel, à en lasser l’éternité.
L’homme est à l’image d’une étincelle
Se séparant de son feu.
Si elle tombe sur une terre lisse,
Elle te montrera son extinction.
Si elle rencontre des brindilles,
Tu verras son embrasement.
Levée de bon matin pour chercher
Un grain de blé à traîner.
Attrape-le ! Toute la sagesse tiendra dans ta main.
Que je m’ensauvage -
Ma solitude n’est autre
Que livre de mon humanité.
Comme vaisseaux au large
Naviguant sans amarres.
Répandues sur ton front,
Mais c’est ton cœur qui brûle.
Si on en saisit un bout,
Ce même bout sera relié
Aux pléiades.
Est créée dans l’éternité
Et que l’essence du temps n’est autre
Que son obscurité.
Cette direction, pour moi, est tyrannie.
— Abu-l-Ala al-Maari
———
Gens infréquentables !
Ni bonne plante, ni palmier
Ni gommier vous êtes
Mais épine que nul ne cueille
Nuisible, délétère.
ne sont qu’impostures inventées par les anciens
Avides de pouvoir, qui vécurent dans la luxure
Et moururent dans la bassesse et leur loi n’est que poussière.
pour jeter des cailloux (à Satan) et pour baiser la Pière Noire.
Combien étranges sont les choses qu’ils disent !
Est-ce que l’humanité tout entière devient aveugle à la vérité ?
L’éclaireur sur son chameau joua de la flûte
Et appela les siens : « Restons ici !
La pâture regorge de mauvaises herbes. »
Les juifs sont dévoyés, les mages sont dans l’erreur.
Nous les mortels nous répartissons en deux catégories
Les crapules initiées et les dévots stupides.
Que jamais nulle dispute n’aura divisé de vrais amis
Comme les sectes l’ont fait
Mais la haine étant dans la nature humaine
Les églises et les mosquées se sont élevées côte à côte.
— Abu-l-Ala al-Maari