Ron Sakolsky — Traduit par seaweed
Exiger l'Impossible
Un manifeste anarcho-surrealiste
“Je est un autre. Tant pis pour le bois qui se trouve violon…Si le cuivre s’eveille clairon, il n’y a rien de sa faute” - Arthur Rimbaud (1871)
En exigeant l'impossible, nous devenons impossibles dans nos demandes. Ne vous y trompez pas, nous exigeons la fin de toutes les formes de domination et insistons sur la réalisation de la poésie dans la vie quotidienne. Ce n'est qu'en effaçant la dichotomie artificielle entre le rêve et la réalité que nous pouvons rompre les liens qui unissent les revendications révolutionnaires à une recherche misérabiliste pour les meilleurs dirigeants possibles. Quoi de plus humiliant que d'être gouverné ? Quoi de plus beau pour un surréaliste que le verre brisé de la réalité ? Tout le pouvoir à l'imagination insurgée !
Le déploiement du drapeau noir de l'anarchie augure toutes les merveilles qu’on peut créer lorsque l'asservissement meurt et que l'impossible se déchaîne. Quoi de plus débilitant que de suivre des ordres ? Quoi de plus inspirant pour un anarchiste que le refus d'obéir ? La mutinerie est une forme collective de refus dans laquelle l'intensité du désir fiévreux pour la liberté brise les chaînes autoritaires du devoir et de la coercition dans le feu convulsif de l'entraide. Impatient de nous liberer, dès que les terres inconnues de nos rêves sont en vue, nous ne demandons pas au capitaine de nous emmener à terre, nous quittons simplement le navire.
En nageant jusqu'à la côte, nous sommes rapidement emportés par les vagues de la révolution sociale. Le vent splendid du changement, soufflant à la force d’un tempete comme si en harmonie avec l'intensité de nos désirs, force les ornements en laiton sur le pont du bateau de vibrer sauvagement. C’est un appel de clairon pour un festivale de la liberté merveilleuse ! En regardant en arrière, nous voyons que le vaisseau d'Etat, duquel nous avons échappé, a soudainement heurté un récif caché et explose en une pluie de débris. Etonne, nous regardons les éclats de bois se transformees, comme par alchimie, en mille violons hurlants. Dans la liberté spontanée, ils improvisent avec le clapot aolien du vent, les rugissements léonins de l'océan et les cris incessants des mouettes ; tous vibrent ensemble dans la clé musicale surréaliste de l'anarchie.
La réalité n'est plus un obstacle maintenant que l'impossible surgit devant nous à l'horizon comme l'aura violet qui entoure la lune avec un halo subversif de l’Amour Fou. Nous dansons sur la plage librement et en folie toute la nuit, nageons nus dans la fraîcheur du clair de lune, puis nous endormons dans les bras l'un de l'autre, en rêvant d'anarchie et du surréalisme - les deux points de boussole d'un monde renversé.