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Ni loi ni sharia
Souvent, des prétendus adversaires partent en fait de la même base, partageant une même logique et ce n’est que la façade de leurs « solutions » qui diffère. Prenons par exemple les politiciens. Tous veulent se distinguer les uns des autres, proposant d’autres « programmes ». Mais tous sont d’accord que c’est eux, les politiciens de tout bord, qui sont les seuls capables d’organiser le vivre-ensemble. Aucun politicien ne croit à la capacité de chaque être humain à organiser lui-même sa vie, selon ses envies et ses besoins, ensemble avec d’autres
Le spectacle qu’ont mis en scène policiers et militants islamistes[1] la semaine dernière à Molenbeek est du même bord. Les policiers veulent faire respecter la loi de l’Etat, les islamistes prétendent se battre pour la loi de Dieu. Tous sont d’accord sur le fond : il faut une loi, car les gens, les individus, ne sont pas capables, pire, ne doivent en aucun cas avoir la liberté de décider eux-mêmes de leur vies, ni de comment se rapporter aux autres. Certes, il y a des lois qui laissent plus de « marges de manœuvre » que d’autres, mais au fond ce n’est toujours rien d’autre que le règlement de la grande prison qu’est la société actuelle. Policiers, Etat, islamistes : tous ne croient qu’en une chose : l’Autorité. Leur grand ennemi commun, c’est la liberté. L’Etat le démontre bien en réprimant tous ceux qui remettent en question le système actuel, qui prennent la liberté en se battant pour un changement radical. Les islamistes le démontrent bien en réprimant tous ceux qui veulent vivre libres, hors de toute contrainte, que ce soit au quotidien en essayant d’imposer leur morale et leurs punitions tortionnaires pour tout « pécheur », que ce soit sous les régimes islamistes ailleurs qui exterminent toute opposition, toute liberté, toute volonté individuelle.
Nous vivons dans un monde, dans une ville, pleine de tensions, des tensions sociales entre riches et pauvres, entre dirigeants et dirigés, entre exploiteurs et exploités. Les conflits ne sont pas rares et s’expriment de mille manières lors d’affrontements dans les quartiers, de grèves sauvages dans les entreprises, de refus de se soumettre à l’autorité étatique, de révoltes, de sabotages du train-train quotidien. Tout le monde sent que rien ne va s’aménager, que les oppositions deviendront toujours plus fortes et qu’il faudrait lutter, s’insurger pour qu’un changement radical et profond devienne possible. Ce n’est pas un hasard si aujourd’hui l’Etat se renforce de tous les côtés en pensant même à envoyer les militaires dans les rues de Bruxelles pour nous soumettre. Ce n’est pas un hasard si des forces réactionnaires et autoritaires comme les islamistes cherchent à se trouver une place « à la tête » de la conflictualité sociale. Car tous sentent que ça va exploser à un certain moment, mais personne ne sait où ça pourrait nous amener. Et tous ceux là, de l’Etat en passant par les partis politiques aux islamistes et fascistes, veulent le Pouvoir, craignent la liberté qui deviendra possible lors de l’explosion sociale. Tous veulent nous diriger, nous imposer ce qu’on doit faire et pas faire, ce qu’on doit penser et ce qu’on doit ressentir.
On n’utilisera pas des demi-mots face à la situation actuelle : nous sommes des révolutionnaires et des anarchistes, nous ne voulons diriger personne et ça fait longtemps que nous avons déclaré la guerre à toute forme d’Autorité. Qu’elle soit étatique ou islamiste, démocratique ou fasciste, toute autorité est ennemie de la liberté. Toute autorité cherchera toujours à nous condamner, enfermer, éliminer dès que nous commençons à penser pour nous-mêmes, à agir par nous-mêmes, à avoir confiance en nos capacités de radicalement transformer ce monde.
Alors, face aux tentatives d’islamistes de s’accaparer le mécontentement latent et la révolte, face à tous ceux qui prétendent combattre les autorités aujourd’hui pour en fait les remplacer demain par d’autres autorités, face à l’Etat qui s’apprête à serrer les vis pour tout le monde : autoritaires de tout bord, allez vous faire foutre !
[1] Par là, nous ne voulons pas dire que tous ceux qui se sont opposés à la police lors de ces événements à Molenbeek seraient des islamistes ; simplement que ceux-ci ont cherché à se mettre « à la tête » d’une hostilité diffuse contre les autorités.