Lukas Stella
DOUBLE MONDE
Confinement en confusion, démence sous air conditionné
Confinement en confusion, démence sous air conditionné
UN SYSTÈME DE CROYANCES RÉGI PAR LA PEUR
ACHÈVEMENT D’UN MONDE INVIVABLE
DOUBLE MONDE
Confinement en confusion, démence sous air conditionné
Agrippés à nos croyances normalisantes, nous nous retrouvons confinés dans nos certitudes. Le monde qu’on nous présente dans ses représentations spectaculaires, est une escroquerie, celui qu’on se représente soi-même une illusion. Cette réalité mise en scène sous air conditionné, réfléchit l’image de soi selon l’air qu’on lui donne dans les apparences trompeuses de la société du spectacle. Un deuxième monde apparaît qui se substitue au temps vécu qui nous échappe.
Ne pas se leurrer sur nos interprétations des situations peut nous permettre de mieux nous approprier nos perceptions et notre compréhension de ce double monde confus, mensonger et hypocrite, afin de pouvoir le transformer collectivement par nos actes de rébellions émancipatrices, partagés dans une convivance insurrectionnelle.
UN SYSTÈME DE CROYANCES RÉGI PAR LA PEUR
Sous la dictature économique et son conditionnement publicitaire, la liberté se crée dans un combat quotidien. Ce n’est pas un concept abstrait à l’usage de philosophes, de politiciens ou de publicitaires, mais bien une pratique individuelle et collective égalitaire. C’est la possibilité de pouvoir choisir l’usage de son temps, de la disposition de son corps et de son mental, de l’expression de ses émotions sans contraintes ni entraves.
Le pouvoir de choisir un pouvoir dominateur autoritaire n’est pas une liberté. Celle-ci nécessite que les conditions d’existence soient consenties par chacun et auto-organisées égalitairement par tous. Personne ne peut imposer sa conception de la liberté sans nier celle des autres. La liberté s’accomplit par la fin de toute domination, l’abolition de l’esclavage du travail et de la mesure des inégalités par l’argent. Elle se réalise par la dissolution de la normalité imposée dans une diversité partagée. Elle ne peut être que générale, pour tous ou pour personne.
La privation de liberté est l’abus de pouvoir de l’État policier pour maintenir et renforcer l’ordre de sa domination. Elle peut être subie ou acceptée dans une prison, un hôpital psychiatrique ou à domicile. Le confinement consenti est une astreinte collective à rester enfermé, un effort nécessaire, une incarcération volontaire à domicile. Si l’épidémie est grave, elle n’est pas dramatique. La moitié du monde a été confiné pour le Covid-19, incarcéré à domicile, interné la peur au ventre. C’est l’hystérie sécuritaire d’un pouvoir despotique qui est contagieuse et dangereuse. Le conseil scientifique du pouvoir fascisant est corrompu et pas crédible. Sous de faux prétextes, par les mesures coercitives d’un état d’urgence, on nous prive de nos libertés, pendant que la pensée unique médiatisée produit des crédules bien soumis. Le conditionnement mental est entretenu par une psychose permanente, et la soumission par l’instauration d’un climat de peur et de panique.
Le confinement isole, sépare et déshumanise dans l’aliénation d’une survie de misère. Le rapport aux autres est devenu virtuel. Les prothèses technologiques ont remplacé les relations humaines. À ce qui était directement vécu s’est substituée une représentation numérique dans une mise en scène spectaculaire des rapports marchands. Et les manifs virtuelles au balcon n’expriment qu’un simulacre de révolte, des faux semblants qui affirment une résignation aux mensonges officiels de l’État policier. Dans les réseaux sociaux, il n’y a de communautaire que l’illusion d’être ensemble. La fausse communication fait de chacun le flic des relations aux autres dans un isolement bien réel. Les personnes-objets ne sont plus que des marchandises connectés virtuellement.
Les médias et les politiques ont piqué leurs crises de nerfs hypochondriaques. La peur irraisonnée de la maladie et de l’autre présumé contagieux fait accepter les contraintes et la privation de liberté, la psychose fait endurer un peu près n’importe quoi, se résigner à subir la dictature et se soumettre à l’ordre sécuritaire. L’autre n’est plus qu’un ennemi contaminant qu’on maintient à distance, par des gestes barrière, nous plaçant ainsi dans un isolement sécuritaire autogéré. Et si l’autorégulation ne suffit pas, une discipline sécuritaire infantilisante nous rappelle violemment à l’ordre par la répression et l'obligation de payer une amende. Le confinement général, accompagné de l’absence de dépistage à grande échelle au plus tôt, et de l’absence de traitement par médicament, a prouvé son inefficacité, sa dangerosité par la psychose malsaine qu’il entretient. Toutes les lourdes menaces épidémiques répandues par les médias et les politiques se sont toujours avérées après coup, exagérées, fausses et mensongères.
Mettre en perspective les chiffres morbides relatifs au développement de l’épidémie, dont nous bombardent quotidiennement les médias, en les replaçant dans un contexte élargi dans le temps et l’espace, peut permettre, par comparaison, de les relativiser et de dédramatiser les prévisions désastreuses et anxiogènes diffusées de partout. L’analyse critique et la réflexion situationnelle sont les seules échappatoires à cette propagande catastrophique qui répand dangereusement la crainte, la frayeur, l'angoisse et l’affolement.
Les modélisations prédictives des biostatisticiens font office de dogme, justifiant la terreur et son état de guerre, permettant d’instaurer rapidement un régime totalitaire. L’acceptation de la contrainte exprime l’espérance d’une libération future, la pénitence devient rédemption, et la croyance en ce devenir une évidence avérée, une religion scientiste. C’est une conviction proche de la foi, construite sur une prédiction probabiliste qui s’impose comme une dévotion fanatique indispensable à une résurrection salvatrice.
Une fois que la dramatisation a été crue, et le prétexte accepté, tous les gens de pouvoir se sont précipités pour utiliser cette aubaine et en profiter au maximum, que ce soit des États, des trusts ou des spéculateurs.
La dette des États, gonflée par la Banque Centrale Européenne, sert à payer les entreprises et les financiers, et sert aussi de justification aux politiques d’austérité, qui ont déjà broyé nos services publics, nos systèmes de santé, nos droits, nos conditions de travail, nos congés... La création monétaire de milliers de milliards pour combler les dettes des entreprises, des actionnaires et des financiers, dévalue l’argent par une augmentation des prix et la résurgence d’une inflation tenace. En payant plus cher les marchandises, on paie une sorte de taxe au pouvoir pour rembourser cette dette, et ce racket général peut proliférer grace aux politiques antisociales. Sous prétexte de l’état d’urgence sanitaire, des mesures sont mises en place pour la surveillance généralisée, le tout sécuritaire faisant infuser dans les esprits la peur, le repli sur soi, la culpabilité et la stigmatisation. La récession économique produit une régression sociale avec une augmentation considérable du chômage et de la misère. Cette insécurité sociale justifie le durcissement de la dictature économique et de la tyrannie technologique.
Le spectacle médiatique génère en permanence un vent de panique pour faire accepter l’escroquerie de la crise financière qui a surfé sur l’épidémie. La crise est la norme. La panique des uns fait le bonheur des autres. Le capitalisme n’est pas affaibli par la crise, passer d'une crise à l'autre est son fonctionnement normal. Le krach est un outil financier. La crise est déclenchée par les spéculateurs les plus avisés pour accélérer et accroître énormément et rapidement leurs profits sur le dos des plus petits qui ne l’ont pas vu venir.
Cette crise était annoncée de longue date, les spéculateurs milliardaires ont utilisé le coronavirus pour mieux la déclencher et en tirer les meilleurs profits, quitte à ébranler l’équilibre général. L’économie et la production représentent moins de 10 % des richesses, les 90 % restant traficotent dans les sphères de la haute finance, dans des bulles financières spéculatives, qui rapportent bien plus que l’économie réelle pour ceux qui en ont les moyens et savent y faire. Si l’économie s’en retrouve affaiblie, c’est pour mieux faire payer les populations. Quand certains perdent, d’autres gagnent, rien ne se perd, la circulation de l’argent s’accélère considérablement pour un moment seulement.
La démocratie est suspendue, la dictature établie, la loi martiale imposée. Le couvre-feu permanent est accompagné d’autorisations spéciales de sortie, instaurant le contrôle généralisé de la vie quotidienne. Il fallait écraser la rébellion qui se répandait et s’installait dans la durée. Ils devaient utiliser les grands moyens pour faire taire cette contestation mondiale, dans une période d’instabilité pour éviter l’effondrement des pouvoirs dominants et préserver les privilèges des hyperriches. L’autorité de l’État policier est renforcée afin d’achever le grand pillage des biens publics, et de parfaire l’arnaque de la crise financière que les populations encore plus appauvries devront payer, en se soumettant à leur misère soudainement accrue.
Au cours de cette survie anxiogène sans devenir, les situations stressantes habituelles activent dans le cerveau des comportements réflexes de protection, d’adaptation et de soumission qui empêchent de réfléchir et de comprendre les situations subies. L’intoxication mentale des médias de masse se répand sans être vue, elle contamine l’air de rien. Notre exposition permanente à des produits ou des informations toxiques produit une accumulation de toxines persistantes dans notre organisme jusqu’à saturation. Nous sommes sous perfusion directe, dans notre corps et notre mental, empoisonnés de toute part en quantité infinitésimale et constante sur le très long terme. L’habituelle accoutumance nous est imperceptible, mais la dépendance bien réelle qu’elle entraîne produit une addiction durable maladive.
La libre exploitation de la vie est inhérente au fonctionnement du capitalisme, la pollution dévastatrice qui en découle détruit l’humanité. Le pouvoir destructeur de la production marchande n’a plus d’entrave dès lors qu’il est économiquement nécessaire aux affaires juteuses de quelques multimilliardaires. La marchandisation s’est étendue à la globalité du monde, ses nuisances n’ont comme limites que l’écroulement général.
Pour ne pas sombrer avec un monde en perdition, il est important maintenant de comprendre que notre intelligence cognitive est polluée par toutes sortes de toxines, et se retrouve, sans qu’on s’en aperçoive, conditionnée et diminuée. Notre appréhension du monde devient confuse et obscure, et notre aptitude à nous l’approprier réellement aliénée.
Nous sommes séparés du monde sur lequel nous n’avons plus de prise. Cette réalité séparée nous échappe. On nous fait croire que chaque chose a sa place, qu’il ne faut pas tout mélanger et que cette dissociation favorise l’étude scientifique qui permet de différencier le vrai du faux. L’ignorance volontaire de la compréhension de l’ensemble, compartimente la pensée et limite la réflexion à des oppositions contradictoires bien cloisonnées, réduit l’intelligence à une soumission maladive, à une accumulation de vérités préfabriquées séparées, intransigeantes et autoritaires. La compréhension globale pertinente est diminuée et aliénée par les omissions, la focalisation, le cadrage, les séparations, la dissection, la décomposition. Tout est bien rangé dans des cases et n’est qu’affaire de spécialistes experts. La bonne convenance en vigueur impose une totale soumission à la conformité admise.
Tout ce qui était structurellement relié est tranché dans le vif, disséqué, isolé puis bien séparé. Cette conception qui détruit la cohérence de la vie est pathologique. Nous sommes coupés mentalement de notre nature vivante par cette doctrine réductrice dominante. Étrangers à nous-mêmes, nous sommes étrangers aux autres et à notre monde qui devient un environnement extérieur, un objet à maîtriser, une marchandise à optimiser pour les affaires. Cette réalité objective prédéfinie, composée d’objets de commerce, se présente comme une évidence à laquelle on doit impérativement se soumettre, une fatalité.
L’expérience de l’existence se limite à la consommation de ses représentations. L’absence d’expérimentation vécue fabrique un monde abstrait d’objets désincarnés. Dans une réalité dominée par les objets, se confondent dans la confusion, la perception d’un fait et son interprétation, l’observation et l’idée qu’on s’en fait, la description et son commentaire, l’expérience directement vécue et des jeux d’apparences préfabriqués. Notre vision du monde est troublée, détériorée, dénaturée et falsifiée par cette manière de voir, réelle toxine mentale qui nous empoisonne la vie.
Pour nous émanciper de ce conditionnement uniformisé, nous devons expérimenter des pratiques personnelles situationnelles, d'où émerge une compréhension dont le sens dépend du contexte et du cours des événements. On peut ainsi commencer à comprendre les transformations des processus de la vie, dans le cours de leur histoire propre. Pour éviter de se faire enfermer et figer dans des vérités obtuses et autoritaires à prétention universelle, il nous faut partir de points de vue plus larges qui facilitent le partage de communications sur nos propres communications dans l’émergence d’une coopération collective égalitaire, indispensable au renversement de l’ordre des choses marchandes.
L’information répandue par la presse, soumise aux directives de ses actionnaires a été mise sous la tutelle de quelques trusts médiatiques. L’opinion uniformisée est aujourd’hui manipulée et programmée dans la mise en scène de sa représentation. Le pouvoir illimité des agences de presse internationale permet la centralisation, le contrôle et la censure des infos mondialisées. La focalisation simultanée des mass-médias révèle et dissimule cette censure à la base de la construction de toute information déformante. Les faits sont récupérés, détournés dans un point de vue conforme aux intérêts des affairistes milliardaires, puis transformés en actualités événementielles, vision contemplative du désastre présentées en drames obsessionnels, qui servent prétexte au développement de politiques liberticides et antisociales. Ces grands organes de presse mettent la pression sur notre mental en organisant et conditionnant la vision et l’entendement de la réalité d’un monde en perpétuelle représentation.
Le réel est ce qui est visible, ce qui n’apparaît pas n’existe pas. Tout ce qui sort du cadre, ce qui est hors champ n’a pas de réalité. Ce qui est derrière l’objectif n’a pas d’apparence, et est effacé. Cette omission forme l’angle mort du contexte dans l'observation restreinte d’une vision bornée, obtuse et étriquée. En changeant de point de vue, en recadrant plus large avec un contexte plus étendu, on change le sens accordé à la situation, ce qui en modifie la compréhension en l’enrichissant dans une dimension plus globale.
Mais dans le monde des apparences, les convictions sont prises pour des vérités, des principes dogmatiques que l’on croit naturels. La vérité n’est qu’une croyance arrogante qui méprise les autres considéré comme étant fatalement dans l’ignorance et l’erreur. Ce qui est pris pour la vérité n’est qu’une approximation partielle prétentieuse. Ce n’est que l’illusion mégalomane de la perfection qui ne peut que s’imposer autoritairement comme le seul point de vue possible, la seule réalité. Ce n’est qu’une conception de l’esprit de l’observateur, à un moment de son histoire, qui ignore les autres, en les niant comme individus libres et égaux.
Pour nous enrichir et nous accomplir nous pouvons affiner nos différences ensemble par une coopération égalitaire, en partageant, comparant et confrontant nos observations, nos réflexions et nos compréhensions du moment. Le réel se concrétise dans le monde que nous habitons en le vivant, en prenant les dimensions de notre cohabition avec les autres. L’accomplissement personnel se vit dans cette mise en commun qui construit nos existences. Nos dérives spontanées engendrent notre devenir dans le cours des hasards partagés.
Dans le monde des apparences, l’utilisation de certains mots, la critique de certaines idées reçues intouchables déclenchent un processus d’identification arbitraire, la réduction d’une personne à une simple étiquette, catégorisée et stigmatisée. La science des marchands en est un exemple garanti, comme vérité incontestable d’une unique réalité qui s’impose comme une évidence. C’est la dictature des experts du pouvoir dominant.
Méfions-nous de ce scientisme mercantile, et ne prenons pas la propagande conformiste de nos ennemis oppresseurs pour des réalités irréfutables. Remettons en cause leur pensée unique, discutons des faits, des démonstrations, des interprétations et des déductions, critiquons leurs évidences autoritaires, comparons les chiffres dans un contexte historique élargi, sans utiliser d’étiquettes exclusives et dénigrantes, qui jugent arbitrairement sans réflexion ni débat possible. Le bannissement ne rend pas intelligent. Tous ceux qui condamnent une personne, la stigmatisant comme hérétique, parce qu’elle n’est pas dans la norme admise, en lui collant une étiquette méprisante et colomnieuses, sans exprimer leurs analyses critiques sur les arguments et les démarches explicatives, n’expriment que leur arrogance prétentieuse, leur manque de réflexion, leur nuisance et leur confusion, qui entretiennent une soumission volontaire à la conformité dont ils se rendent complices.
Ceux qui traitent de “complotistes” les personnes qui comprennent les situations avec une perspective différente des idées admises, sans se référer explicitement à l'analyse du spectacle répandue par les médias comme idéologie de la caste dominante, s’économisent tout discernement et toute argumentation critique, et restent ainsi les esclaves du système de représentation de ce vieux monde marchand en perdition.
Notre diversité vivante est bien plus riche et créative que leur normalité intolérante. Nous n’avons personne à convaincre, nous souhaitons seulement réfléchir ensemble avec nos points de vue divergents. Nous n’avons pas de ligne directrice à laquelle tout le monde doit se plier. Méfions-nous des détenteurs de vérités qui censurent et qui méprisent les ignorants pour les convaincre et mieux les vaincre. C’est une attitude guerrière, militaire, sectaire, voire stalinienne. Le partage et le débat sont la base des pratiques antiautoritaires et égalitaires.
La croyance aveugle en sa propre vérité n’est pas dans l’observation de la réalité, mais dans la relation qu’on a avec les gens qui ne croient pas à la même réalité. L’explication des phénomènes dépend des rapports qu’a l’observateur avec des gens qui partagent plus ou moins le point de vue dont il parle. Le mot n’est que l’étiquette de l'opération qu'il représente, mais pas une chose abstraite, extraite de sa propre expression. Cette opération, partagée avec d’autres, fait distinguer dans son contexte, les phénomènes en les faisant exister. On n’observe pas des objets étrangers et désincarnés, on contextualise nos observations dans nos relations avec d’autres qui sont différents.
Le show de la société a inventé la réalité imuable. L’objectivité réaliste invente un monde figé chosifié, étranger à toute expérimentation humaine, à tout partage. L’omission volontaire du sujet vivant observateur, marchandise sa pensée en idéologie, séparée de son vécu incarné dans l’expérience de la situation vécue au cours de son évolution incertaine. Cette idéologie s’invente un autre monde, dans l’abstraction de sa représentation.
Dans le monde du vécu, la réel n’est pas séparée de nous, il ne nous est pas extérieur, il fait partie intégrante de notre existence. En l’expérimentant avec d’autres, nous l’incarnons en le vivant. Comprendre notre expérimentation du monde nous fait prendre corps au cours de sa réalisation. Il ne nous échappe plus. On peut ainsi reprendre le pouvoir sur nos conditions d’existence et se réapproprier nos vies librement.
Notre expérience personnelle ouverte aux autres et construite avec eux engendre une intelligence situationnelle incarnée dans le moment vécu, avec ses doutes, ses incertitudes, ses hasards, ses intuitions, ses inventions, son humour et sa spontanéité.
L’intelligence ne se possède pas, ce n’est pas un stock de marchandises informatives que l’on peut se payer, mais bien un processus instable et irrégulier que l’on construit, qui nous défait et nous refait en permanence. C’est une suite d’expériences qui permettent le développement spontané de notre compréhension, une recherche d’équilibre qui convient, qui rend viable la situation vécue et qui enrichit nos capacités à avancer en s'assumant, avec nos doutes et nos incroyances, sur ce chemin que nous choisissons et inventons au fur et à mesure, dans la dérive naturelle de notre propre histoire. L’intelligence se réalise par une volonté de comprendre et par le développement des capacités à avancer par soi-même sur le chemin de cette compréhension.
Plus l’organisation de la société est autoritaire, procurant à un petit nombre tous les pouvoirs de décision, plus la stabilité sociale est fragile. Plus le nombre de décisionnaires est important plus les excès sont régulés par le nombre et la diversité. Plus la société est dictatoriale plus elle détruit son équilibre, sa cohérence sociale et plus elle est fragilisée dans une insécurité croissante. De même, le nombre de points de vue différents crée la richesse et la justesse de l’observation d’un phénomène. Comme l’explique la relativité restreinte d’Einstein, plus le nombre de coordonnées est important, plus l’observation se rapproche de l’exactitude. L’intelligence collective émerge des interrelations et de la coopération entre individus particuliers différents.
Comprendre le fonctionnement d’un système c’est appréhender ses parties dans l’ensemble de ses interactions, dans l’entendement des relations qui composent les réseaux de sa structure particulière. La compréhension des relations, en tant que facteurs constitutifs d’une structure, génère une connaissance humaine évolutive.
La collectivité crée une intelligence qui devance, et de loin, la simple addition de ses éléments. De la totalité se manifeste une pertinence irréductible qui dépasse ce qui la compose. Les concessions opportunistes des critiques partielles, aménagements de détails, améliorations de la forme, emprisonnent l’entendement dans un réformisme collaborateur et conformiste. Il importe de rattacher chaque critique à la totalité pour l’appréhender dans la complexité situationnelle de son vécu, et l’émanciper dans un renversement de perspective révolutionnaire.
EXHIBITIONS EN ÉTALAGE
La pub met en scène des images de marque dans ses vitrines. Elle affiche les signes de dépendance à la propriété privée, comme du bétail marqué au fer rouge par son propriétaire. Les marchandises se donnent en spectacle pour se faire remarquer et le système fait son show. Mais l’apparence du bonheur consumériste cache l’horreur de l’esclavage productiviste. Le plaisir d’achat du consommateur est toujours fugace et décevant. La pub n’est qu’une illusion, une opération marketing de l’existence, son euphorie est éphémère, ses réjouissances momentanées, son enthousiasme putrescible. Le rêve d’un instant masque le cauchemar d’une époque. Même si ses gratifications sont temporaires, le mythe de la publicité construit un sentiment d’identité unificateur dans une société merveilleuse, pourtant composée d’individus isolés en miettes, déstructurés par une compétition sans fin dans la permanence des apparences trompeuses. La séduction et la persuasion permanente de publicités tapageuses permettent à la dictature économique d’imposer ses restrictions antisociales sans trop se faire voir, planquées derrière les écrans de ses mises en scène numériques.
Tout le monde croit échapper à l’emprise publicitaire, personne ne se sent manipulé à son insu. C’est justement parce qu’on ne s’en rend pas compte que la pub est efficace. Elle agit insidieusement dans l’inconscient par son omniprésence et ses répétitions outrancières. Imbibé durablement dans la soumission aux marchandises, le bon consommateur-accro de pub devient un toxico du paraître dans un monde de spectacle. Une forte dépendance toxicomaniaque est produite par la recherche obsessionnelle de plaisirs de compensation dans une consommation addictive et compulsive de drogues marchandes, dealées par des publicitaires illuminés.
Les marchandises ne sont plus de simples objets de commerce, mais les images alléchantes de leurs marques. Leur valorisation dévalorise l’humain. La valeur ajoutée des affaires n’est plus dans la fabrication, mais dans le marketing. En consommant l’image remarquable, on devient soi-même l’image de marque que l’on a cru acheter. C’est son identité que l’on paie à la caisse, celle que l’on vend aux regards des autres comme production de sa propre consommation.
Il suffit de catégoriser un individu à partir de la sélection de quelques mots clés pour faire un profil qui sera sa marque à faire remarquer. Il suffit alors d’avoir l’air pour se donner une apparence et faire bonne impression. L’image qui se remarque n’est pas une marchandise, mais un style de vie, une attitude à la mode, un ensemble de nouvelles valeurs toujours périssables. La pub impose sa culture, celle de la petite bourgeoisie, des marchands et des affaires. C’est la propagande d’un certain style de vie qui dissémine de partout la fièvre acheteuse.
La pub comble de ses illusions le vide d’une vie vampirisée par un travail épuisant. Les faux besoins maquillent les vrais désirs pour mieux les travestir, les dissimuler pour mieux les occulter. Dépenser le salaire de misère, fruit de son esclavage et de la souffrance, donne accès à une partie des apparences difformes d’un bonheur factice, à un peu de paradis artificiels, en vendant son identité au rabais pour tenter de combler un manque tenace. Pour paraître quelqu’un, il faut donner l’illusion d’être, marquer son public, impressionner son assistance. Il suffit d’avoir l’air pour faire son effet sur des spectateurs admiratifs, se démarquant des autres par sa conformité assumée, acheté dans les étalages des rôles provisoires normalisés, puis consommé dans le show de son existence factice.
En achetant une satisfaction hypothétique, c’est l’appétence qu’on paie, en se goinfrant de ses propres désirs, cannibalisant sa convoitise. Dopés de pub on s’autoconsomme sans réelle satisfaction, en consumant ses rêves.
Un amour imaginaire est mis en scène par l’érotisme investi dans l’objet désiré. Ce transfert d’amour projeté dans l’objet désiré divinise la marchandise. Le désir est fantasmé. Le désir de l’objet remplace l’objet du désir. Cette passion pour les bienfaits illusoires de la consommation est une marque de l’absence, bourrée de tristesse et de ressentiment, ne produisant que convoitise et frustration.
Le consommateur de sa propre vie effectue un transfert émotionnel sur l’image d’un style d’existence. C’est ainsi que la pub trafique les personnalités en travestissant les identités, commotionne les sens en faisant son cinéma, par la projection d’un soulagement chimérique. S’assimiler à une représentation idéalisée simule un sentiment d’existence dans le vide de l’ennui. Quand la marchandise irrésistible se divinise, elle produit l’apparence flatteuse d’une vie accomplie. Ce n’est qu’une escroquerie normalisée, une monstrueuse opération de formatage déformant.
Une survie intenable, dans la peur et la méfiance des autres, restreint l’individu à son animalité barbare jouée au théâtre des illusions décevantes. Ce comportement de prédateur ruine et détruit toute expression vivante de solidarité, dans une hystérie consumériste suicidaire.
La publicité ne cherche pas à convaincre, elle change inconsciemment le comportement de sa cible pour modifier sa manière de penser dans une soumission normalisée. L’individu à la norme marchande formalise le comportement modèle dans un asservissement librement consenti, inconscient et efficace. L’obligation de consommer est masquée par le choix téléguidé de sa marchandise miraculeuse. Les promesses salvatrices ne sont jamais tenues, et le consommateur déçu déchante très vite, insastisfait dans une frustration chronique.
La surconsommation de marchandises fortement présente dans les pubs en cours donne l’impression de s’intégrer à l’élite heureuse, celle qui est positivement dans le coup, sans jamais se faire dépasser par les événements factices du spectacle. Ce bonheur chimérique dépend d’une consommation toujours plus intense d’images marchandes, dans la peur permanente de se faire exclure et bannir du groupe des vedettes populaires du monde des apparences, la peur de finir dans une grisaille misérable et sinistre en dehors des projecteurs, passé de mode. La standardisation des comportements est renforcée par cette peur de paraître anormal. C’est une course compétitive pour être le plus adapté à la norme.
Les super-branchés du conformisme publicitaire se prennent tous pour les vedettes du magazine, et sur la scène de leur quotidien, leur seul objectif est de bien se faire voir pour se faire remarquer et se faire reconnaître coûte que coûte. Il s’agit de jeter de la poudre aux yeux sans se faire démasquer, faire classe, frimer dans l’esbroufe et l’euphorie de la suffisance. L’éloquence exubérante nécessaire aux apparences de la bonne convenance n’est qu’un baratinage, une succession de mots à la mode du moment. Les mots sont pris pour les images qu’ils représentent, les phases produisent une accumulation d’images-objets entassées sur l’étalage du verbiage au marché des apparences, une succession de mots marchandisés alignés sur le présentoir de la représentation mise en scène. La stupidité de cette consommation de mots en représentation se fait passer pour de l’intelligence contemporaine, une marque de supériorité. Ces possédés de leurs possessions se glorifient de leur bassesse servile.
La pub récupère et déforme, elle n’éduque pas et n’instruit pas, mais détruit la culture d’une époque en changeant le sens des mots, maquillant la signification des situations pour les intégrer de force au système marchand. La culture pub est un mythe destructeur qui nivelle la diversité dans une programmation des comportements. L’homme intoxiqué de pub n’est plus que l’ombre de lui-même sous les projecteurs de sa mise en scène qui lui échappe.
Pour ne pas se faire rejeter par les autres ni exclure de la société, il faut prendre un rôle, adopter un style de vie à choisir parmi les diffusions des spots publicitaires, ou dans les étalages du spectacle. Le bonheur a été standardisé dans les artifices euphoriques des normes publicitaires, le seul modèle de liberté admis dans les jeux d’apparences en représentation. C’est une toxine qui détruit la spontanéité créative de la vie, une aliénation générale nécessaire au déploiement sans limites d'un mercantilisme totalitaire.
Ce que les idéologies de la domination imposent collectivement comme normalisation sociale et politique, les stéréotypes publicitaires le transmettent inconsciemment, le gravent dans l’intimité, l’ancrent au plus profond en chaque individu. Pris dans l’image qu’il se représente, le bourgeois, comme exemple à suivre, est obsédé en permanence par son apparence. Sa contre nature sophistiquée se décompose en étiquettes, selon un code de bonne conduite, dans l’éloge du mérite... sa maison est la société du spectacle. Cet acteur de sa propre existence s’isole dans la solitude de son rôle à exécuter, obsédé par l’air qu’il peut avoir, l’impression qu’il donne, l’image projetée à son public. En séparant tout, un peu partout, du tout, le cadrage de ce cinéma de la non-existence désagrège une unité en miettes dans une discontinuité permanente qui tranche dans le vif. Ce monde en mille morceaux, juxtapose des pauses, des instantanés sans aucun lien, une accumulation sans fin d’images sans contexte, une série d’anecdotes sans suite, le show d’un quotidien fait de faits divers sans cohérence et sans histoire.
La représentation du monde répandue par les médias prescrit les comportements modèles qu’il faut jouer dans le spectacle du quotidien. Cette reproduction d’attitudes et d’agissements préfabriqués détruit l’aptitude à participer à des situations imprévues en atrophiant les réactions spontanées et occultant les comportements inhabituels, vivifiés d’humour et de création. Limités à la reproduction de modèles égo centré, ces individus entravent toute interaction avec les autres considérés comme spectateurs passifs. Ils perdent ainsi le sens de la relation, des discussions, du partage, de l’humour, du sarcasme, de l’enthousiasme, de la passion... Quand les possibilités des relations sociales se retrouvent diminuées, c’est la cohérence et la cohésion de la société qui sont détruites.
L’acteur de sa vie est convaincu de son authenticité, ce qui permet à son entourage de croire en son personnage. Il va interpréter son rôle avec une telle sincérité que le public va se laisser tromper, et oublier qu’il s’agit là d’une mise en scène. C’est cet oubli qui crée le faux-semblant, cette omission donne sens au simulacre d’apparence. Pour que la magie opère, le jeu de l’acteur ne doit pas se voir, si le stratagème est perçu et dévoilé, il ne fonctionne pas. L’omission crée l’illusion.
C’est alors que tout le monde surjoue son rôle dans un show continu perverti par une hypocrisie généralisée. On ne peut plus savoir si l’autorité est respectée et la soumission acceptée quand tout le monde joue à faire semblant. On sauve les apparences sans savoir si la servitude est consentie ou pas. Tout peut être possible et imprévisible.
Pour être de son temps, il faut choisir son rôle au bon moment, avant qu’il ne soit dépassé. L’obsolescence des rôles transparaît dans la détérioration de la fascination publicitaire. La répétition des enrôlements successifs use les travestissements du moment. Les successions de tendances, l’accumulation sans fin des changements de détails exacerbent le désir de changement dans une insatisfaction chronique.
La peur panique d’être catégorisé comme déviant, malade, fou, et de se retrouver exclu et banni, engendre une normalité conforme aux comportements dominants de la société. Toute déviance affole et épouvante les gens bien conformes qui ne comprennent pas ce qui est extériorisé en dehors de leurs règles de convenance. Toute dissemblance est catégorisée, étiquetée et stigmatisée comme illogique, contre nature, et exclue comme dérèglement mental, folie inadmissible, désordre intolérable.
La particularité complexe qui nous habite se protège des agressions externes par une cuirasse caractérielle, un masque de théâtre qui nous enferme, nous empêchant l’accès direct à la vie. C’est de la poudre aux yeux qui nous étouffe dans une survie surfaite, une façon de se dérober aux regards soupçonneux des autres, dans une absence magnifiée. L’identité qui s’affiche par la cuirasse est une mise en représentation de l’existence chosifiée comme marchandise humaine. L’acteur de sa vie se réduit à sa représentation, son intelligence s’atrophie et régresse, car son processus vital modélisé n’est plus autonome. Quand la mise en spectacle s’intensifie, la vie personnelle s’appauvrit dans la déception et l’ennui, étrangère à ses pulsions vitales. Ce monde en représentation est une mystification qui désintègre la vie, une imposture, une escroquerie librement consentie, dans la soumission totale à un système d’exploitation sans limites.
POSSÉDÉ PAR SON IMAGE
Éternellement insatisfait dans une société de frustrations sous emprise publicitaire, l’individu contemporain travaille comme une bête pour pouvoir consommer comme un malade, tout en se prenant pour le roi. Il est complètement absorbé par une surabondance d’infos décontextualisées, ensorcelé d’images sans réel, captivé et recadré par les écrans. Ses connexions télécommandent sa représentation du monde. Cette passivité instaure un suivisme qui autorise à survivre, bien isolé, chacun chez soi, dans l’illusion d’avoir le monde rien que pour soi.
Le présent continu, l’ici et maintenant, disparaît dans la découpe d’un temps fragmenté, dans l’accumulation d’instantanés dépassés. Les dérobades mécaniques d’une succession d’instants pris dans un futur inaccessible, et déjà disparu dans l’éphémère des apparences trompeuses. C’est le temps mort des marchandises désirées, vénérées et déjà obsolètes. Il ne nous reste plus qu’à imaginer le présent à partir d’un avenir sans aucun devenir.
Le passage obligatoire pour une reconnaissance sociale dépend d’une identification totale aux apparences de l’image de soi que l’on s’est construite. Le monde-image impose sa pseudo-réalité spectaculaire.
Par les promesses d’un consumérisme débridé, les récompenses désirées génèrent des modifications de comportements. L’impulsion de passage à l’acte devient irrépressible. La tension monte, puis une perte de contrôle déclenche le début du comportement de consommation compulsive. Un bref soulagement précède de peu la déception. C’est un moment de crise où le pressant désir du même effet nécessite l’augmentation de son intensité et de sa fréquence. Cet attachement maladif est une réelle dépendance toxicomaniaque. L’addiction part toujours d’un plaisir illusoire ressenti comme réel, aboutissant à une souffrance certaine, un renforcement des contraintes de l’accoutumance et du manque, et toujours un recul considérable des libertés.
Ces dépendances aux images toxiques intrinsèques aux marchandises aliènent le plaisir de satisfaction conséquent à l’achat du bien dit magique, subordonnant l’existence à la consommation des produits tant attendus. Toute consommation de marchandises fétichisées déclenche une addiction, une dépendance à la toxique comme si c’était une réelle drogue. Après une courte euphorie persiste un manque douloureux et obsessionnel. L’absence de came crée un vide envahissant qui doit être rapidement comblé. Les cycles s’enchaînent et s’accélèrent dans des attitudes hyperactives, saccadées et superficielles, une fuite aveugle devant une dépression pressante. Ce zapping hypnotique s’accomplit dans l’ivresse exaltante d’une communion factice avec la mise en scène de marchandises fétichisées, fascinantes et omniprésentes.
Les annonces publicitaires, les reality shows, les séries TV, les séquences cinématographiques fascinent les spectateurs. Certains acteurs sont adorés, leurs attitudes idolâtrées, leurs comportements envoûtants influent le désir d’une nouvelle identité, dans le prochain scénario à ne pas manquer. Jouer ce rôle qui hante et obsède, faire son cinéma et se jouer des autres, déclenche une pratique pathologique à forte addiction compulsive.
L’autre est dominé, désiré comme une marchandise idolâtrée dont la consommation doit combler le manque et procurer une sensation de satisfaction promise par la publicité. L’autre est détruit en tant que personne, chosifié comme produit stupéfiant. Ces consommations addictives de marchandises humaines font des rapports humains une toxicomanie identitaire.
Les acteurs de leurs existences exécutent les rôles dont ils ont acheté les images qui les composent, sans jamais se laisser vivre dans le cours des situations imprévues. C’est une non-existence en représentation qui est en contradiction avec l’expérimentation de notre monde réel. Cette incompatibilité produit une confusion mentale, un désarroi, un trouble, un désespoir, une dissonance cognitive.
La représentation photographique est préférée à la situation vécue, se faire voir plutôt que vivre. L’obsession permanente de son apparence est une idée fixe, une manie compulsive où les bons moments ne sont plus que des prétextes à selfies. Obnubilé par le regard des autres, envoûté par la rumeur et les commérages, ce joueur de rôles plonge dans un narcissisme obsessionnel qui le conduit à une dépendance toxicomaniaque à l’image numérique de soi, à sa propre mise en scène sur internet. S’afficher aux autres dans les réseaux antisociaux participe d’une compétition maladive à la meilleure des normalités, pour être encore plus dans le coup qu’eux.
Perdant tout espoir de comprendre et de changer sa situation, cet individu fragmenté est diminué par ses troubles mentaux. Il se contente d’un soulagement de l’instant trop pesant, en adoptant une ligne de conduite de survie immédiate. Croyant se réconforter dans la consommation à la mode, il se soumet à tout ce qu’on lui impose dans une certitude d’impuissance. Au cœur de la tempête intérieure des désirs qui le dévorent, il croit trouver un soulagement par des attitudes d’indifférence, de cynisme et de détachement de tout. En étant là tout en étant ailleurs, il se distancie de son existence insupportable en dissociant sa pensée de sa vie. C’est une mentalité de survie immédiate qui se désintéresse complètement de l’avenir et du passé, avec une étrange et paisible habitude de la catastrophe.
La passivité automatique de la consommation téléguidée normalise des individus dépersonnalisés, uniformisés dans une servitude machinale. Ce conditionnement multiforme disséminé par les médias et la publicité formate un individu soumis à l’emprise des maîtres chanteurs et des pervers narcissiques. Ce conformiste standardisé se laisse abuser par des imposteurs qui en tirent profit, des bonimenteurs hypocrites et sournois. Ces charlatans des apparences se font passer pour des virtuoses de la magnificence, des maîtres de l’apparat. En absorbant les traits de caractère, les opinions et les valeurs de leurs proies, ces illusionnistes les fascinent, les captivent et les neutralisent par abus de confiance, excès de faux-semblants, dissimulant leur tricherie par de la grandiloquence, faisant passer leur escroquerie pour de la bienfaisance.
La compétition des apparences nécessite une performance à outrance. Abusant de son autorité en exploitant les gens qui l’entourent, l’individu conforme reste un envieux insatisfait, un gagnant orgueilleux, un égocentrique mégalomane, un pervers narcissique. Il donne l’impression de tout réussir, car il n’admet jamais sa défaite. Il doit gagner à tout prix, éliminer tout obstacle, prendre le pouvoir par n’importe quel moyen, provoquant un climat de peur dans une méfiance générale. La force de sa perversion provient de la jouissance à utiliser l’autre comme l’objet de son désir de consommation.
Ce psychopathe attaque sa cible pour mieux la détruire, il la ridiculise, l’humilie par des sous-entendus, des sarcasmes, la dénigre par de la calomnie, des mensonges... C’est un leader toxique qui démolit la confiance, ruine l’entraide et la solidarité du groupe pour ses propres intérêts, quitte à détériorer son efficacité jusqu’à ce que sa gestion soit complètement dysfonctionnelle. Toutes ses décisions, ses solutions n’ont qu’un but égocentrique, satisfaire son narcissisme insatiable. Ses combines engendrent fatalement de nouvelles catastrophes en série. Les dirigeants des entreprises ou des administrations sont des pervers narcissiques qui s’arrangent toujours pour faire accuser les autres des dysfonctionnements qu’immanquablement ils déclenchent dans une confusion qu’ils ont eux-mêmes produite. Les dirigeants de ce système détraqué, ces gestionnaires du désastre, s’agglutinent dans les sphères décisionnaires, parasitent tout fonctionnement, bonimentent à tout va, ensorcellent, contaminent, intoxiquent. Ce sont des fous de pouvoir, des illuminés de la domination, des obsédés de la manipulation, des maniaques de la prédation. La tyrannie et l’irresponsabilité sont leur mode de fonctionnement.
Le profit personnel lié à la concurrence la plus brutale produit un égocentrisme qui s’impose de partout, de manière barbare, perverse et sadique, infectant par contagion cette nouvelle non-culture de son narcissisme exubérant, qui se répand comme une pandémie agressive. C’est une sorte de fuite consumériste permanente, un épuisement dépressif conséquent à une pression normative extrême, répandue abondamment par les nouvelles technologies dites communicantes.
Le règne des profiteurs et des prédateurs promus par la publicité a débridé et dopé les pulsions égoïstes et calculatrices nécessaires à la dictature économique. Un égocentrisme contemplatif surfait, composé de mensonges et d'apparences a remplacé les jeux expérimentaux d’une curiosité inventive partagée.
Dans une compétition extrême, une guerre ouverte contre tous les autres déconstruit ce que l’on croit être. Ce conflit contre soi-même démolit la personnalité dans un vide émotionnel. L’absence d’identité authentique est un effondrement de soi dans une succession de reproductions de rôles préfabriqués. La publicité a truqué les interrelations humaines dans des représentations illusoires. Les rapports aux autres ne sont qu’apparences trompeuses montées en spectacle.
L’individu conformiste produit sa réalité avec une accumulation d’objets bien séparés, sans contexte ni histoire. C’est un schizophrène obsédé par son identité fragmentée, l’air qu’il peut se donner par une succession de rôles qu’il doit jouer pour exister dans le spectacle des apparences. En se repliant sur lui-même, il se nourrit de ses complexes inconscients au lieu de s’enrichir des échanges relationnels avec les autres. L’altération des capacités associatives et coopératives produit un isolement obsessionnel, une dissociation pathologique, une perte d’unité psychique.
L’homme objet de ses désirs compense la perte de sa vie par l’accumulation de marchandises prometteuses qui permettent la représentation de son image de marque sur le marché concurrentiel du paraître et du pouvoir. Diminué par ses désirs insatisfaits il se réduit à sa représentation abstraite.
L’acteur de son existence est aussi un spectateur qui s’identifie aux rôles des représentations qu’il consomme. Drogué d’illusion, contemplatif de l’image de sa propre non-existence, il consomme sa propre apparition sur scène, comédien de sa propre marchandisation. Il n’est plus que l’observateur de sa vie mise en spectacle et cette déréalisation le détache de lui-même. Sa conscience est profondément troublée, il se sent irréel, spectateur de son existence. Dépersonnalisé, son corps lui semble étranger, détaché de lui-même, il pense sa vie, mais ne la vit pas. La perte de contrôle génère un stress chronique. Anesthésié, il survit en mode automatique. La société ne le considère pas comme un malade, mais plutôt comme l’exemple réussi d’une normalité inévitable.
Cette séparation de soi-même crée un monde à part, contemplé comme objet de désir, presque inaccessible et toujours décevant. Dans ce monde fictionné fractionné, la mystification intégrée désintègre la vie. Le spectateur produit une réalité séparée qui le possède, une représentation sans sujet.
Cette mise en scène d’un consensus imaginaire unifie le système global dans l’illusion de sa représentation ostentatoire, la mise en spectacle de l’existence. Exilé de sa propre vie, recroquevillé dans sa représentation, le spectateur de son existence s’éloigne des autres dans une communauté factice, dans le spectacle unificateur des servitudes délibérées. Le monde des marchandises en représentation fait de son cinéma une promotion en solde, prolongeant pour quelque temps encore son apparence de survie.
CONFUSION NUMÉRIQUE
Il n’y a pas de fatalité technologique. Trouver du sens consiste aujourd’hui à remettre en cause l’insensé de nos existences programmées.
La communication des machines est une métaphore anthropomorphique mensongère. La société de communication est un monde de solitude. Le phénomène de communication ne se limite pas à un simple transfert de données, il n’est pas défini par ce qui est émis, mais il se compose de ce qui arrive à la personne qui reçoit, comment elle réagit et ce que ça modifie dans la relation. La communication n’est pas qu’une simple « transmission d’informations », mais bien un système de comportements coordonnés, déclenchés mutuellement, dans une interaction relationnelle et non un assemblage de comportements formés d’éléments isolés. C’est dans ces coordinations comportementales qu’en langageant nous faisons émerger un monde commun. Ce couplage linguistique mutuel nous construit dans une convivance partagée. La communication en action nous constitue dans un devenir d’où émerge un monde créé ensemble dans une libre coexistence égalitaire qui construit notre humanité.
L’ère informatique s’impose dans une société numérique, au temps dévastateur des ondes électromagnétiques. Après les compteurs communicants, les objets connectés, c’est la 5G qui sera la clé de cette smart city que les marchands mettent en place sur tout le territoire. Cette dictature technologique élimine l’humain visible de la prise de décision. Seuls les fabricants et les utilisateurs de machines, accompagnés de leurs programmeurs, détiennent l’emprise sur la pensée et le pouvoir sur les comportements. Ce pilotage centralisé automatisé du fonctionnement de l’entreprise-ville traite ses populations comme des marchandises à gérer, des stocks en flux tendus qu’il faut rentabiliser. L’humain est une erreur qu’il faut corriger, un ensemble de données statistiques qui permet le contrôle par la machinerie générale.
La ville, dite intelligente, ôte la liberté à une population entièrement soumise à la machinerie générale, supprimant le hasard, abolissant l’imprévu, détruisant toute initiative spontanée, bannissant toute personnalité non conforme. Les habitants deviennent les passagers de leur propre existence, les spectateurs des personnages qu’ils jouent au cœur des représentations mises en scène par la machinerie des marchandises en spectacle. Avoir l’air d’être dans le coup pour se donner de grands airs dans l’air du temps. Toute communication se réduit ici à la consommation d’images de marque et de jeux de rôles où l’individu se consume comme sa propre représentation. Marquer son image c’est se faire remarquer comme objet conforme, dans les étals de la concurrence des jeux d’apparence, s’afficher pour gagner à se vendre aux autres.
Plus l’informatisation de la gestion et du contrôle se généralise, plus la société se fragilise. Le devenir de la société numérique est déjà menacé. Ses machines sont énergivores, et dans 10 ans elles utiliseront la moitié de la consommation électrique mondiale. Le développement du tout numérique est d’ores et déjà limité. Les ressources nécessaires à la fabrication des machines numériques se font rares et commencent déjà à s’épuiser. La numérisation du monde restera dangereusement inachevée, car l’énergie et les matières premières vont manquer à sa réalisation.
La robotisation de la société l’a transformée en un système machinique, un mécanisme à décerveler pour une productivité optimale et des affaires toujours plus bénéfiques. Ce sont des machines à gérer les gains de certains en faisant régner l’ordre nécessaire à cette rafle. Plus besoin de penser, un système dit intelligent tourne pour nous.
L’intelligence paraît nous avoir été dérobée. Elle n’est pourtant pas quelque chose qui se possède, mais serait plutôt un processus que l’on construit et qui nous construit. Elle ne cesse d’évoluer grâce à la curiosité et la volonté de comprendre, développant ainsi des capacités à avancer par soi-même, traçant le chemin personnalisé de notre compréhension. Par le doute et l’expérimentation, c’est une recherche permanente de ce qui convient le mieux à la viabilité de la situation présente.
Les processus d’apprentissage de la connaissance s’effectuent par les expériences personnelles dans la « dérive naturelle » de notre propre histoire, passant par où c’est le plus facile. Cette incarnation de notre histoire vécue ne reflète que l’une des nombreuses voies possibles. Nous ne sommes pas entièrement déterminés par le chemin que nous avons parcouru, chacun de nos pas est notre libre-choix.
Apprendre sans liberté de choix, c’est désapprendre la liberté d’apprendre par soi-même, renoncer à son autonomie par la destruction de sa personne dans la structuration d’une soumission volontaire à la machine qui gère notre existence. C’est une éducation mortifère, dépendante de machines numériques, qui se restreint à la reproduction d’une suite de règles, de procédures, une intégration de savoir-faire préfabriqués, une épuration de la non-conformité, une standardisation des comportements par une mécanisation de l’esprit, une incorporation de répétitions machiniques normalisantes sans projets personnels ni désirs. La connaissance se forme dans l’action personnelle et l’interaction avec les autres, la passivité et l’uniformisation dégradent et détruisent l’intelligence. Nous sommes libres de choisir des certitudes atrophiées et bien conformes, ou bien de nous construire par nous-mêmes, avec nos doutes, notre incrédulité critique et combative, une intelligence situationnelle en permanente reconstruction personnelle et collective.
Le système machinique qui contrôle et dirige nos existences s’est accaparé l’intelligence de l’instant dans la permanence de son manque. Cette intelligence artificielle n’est qu’un artifice d’intelligence conçu pour éblouir la crédibilité et glorifier la technologie. Les individus formatés à suivre le programme croient religieusement en l’intelligence de la machine. Cette simulation d’une intelligence informatisée autorise la gouvernance totalitaire par la programmation inconsciente des perceptions et de la compréhension. La dictature économique mondiale a maintenant comme instrument de sa domination une technologie informatique et robotique aliénante.
La technologie numérique imposée par le système marchand est la réification permanente de la contrainte en tout lieu. Ce progrès du contrôle global se réalise dans la régression accélérée des libertés et le conditionnement de la pensée. Les machines numériques du capitalisme ont surmultiplié les profits et la répression de la non-conformité. L’aspect spectaculaire des représentations numériques se réalise par la machinerie publicitaire qui martèle les pensées sous air conditionné pour se rendre indispensable par intoxication addictive. L’administration bureaucratique conditionne la survie par une technologie du contrôle qui rend la misère et la révolte invisibles. La machinisation dispense l’humain de ses responsabilités et l’ampute de sa liberté. L’État accapare la sphère commune, la dépolitise en la rendant technique, économique et complexe, ne pouvant plus être gérée que par des spécialistes éclairés. Nos conditions d’existence sont restreintes à des lignes comptables, à des statistiques de rentabilité marchande. La liberté de penser et de décider est volée par les usurpateurs de pouvoir, l’économie se fait tyrannique.
L’amalgame homme-machine n’est plus une vue de l’esprit, mais prend forme dans la mascarade transhumaniste. Cette mystification ne concerne que quelques fous déshumanisés qui croient que l’ordinateur est plus intelligent que l’homme. Le réel danger pour la vie c’est plutôt la robotisation des comportements et l’informatisation de la pensée de la plupart des individus, dépersonnalisés dans une normalité de la soumission.
La pensée informatisée se réifie par respect du code, reproduction des modèles conçus par les directives du programmeur, soumissions aux conventions et procédures des applications. La logique binaire de la machine sépare et reproduit. Elle ne communique pas, elle transfère des données séparées, elle ne choisit pas, elle conditionne des mises en relations selon sa programmation (computer/mettre ensemble). Ce découpage en petits morceaux dissocie les ensembles en éléments, dissèque à vif les relations, exclut tout ce qui relie à l’ensemble, élimine la compréhension générale, l’intelligence pertinente du moment.
Soumise à une addition de vérités préfabriquées, cloisonnées, opposées et intransigeantes, la compréhension est maintenue dans l’ignorance des séparations contradictoires, occultant le contexte et l’histoire. Ayant tout coupé en parties distinctes, et séparé tout ce qui était relié structurellement, la technologie nous fait percevoir une accumulation d’images-objets figées dans la réalité immuable des affaires marchandes. Cette déformation pétrifiante des apparences du monde nous sépare des mouvances incertaines du vivant, ainsi que mentalement de nous-mêmes. La cohérence unitaire de notre être vivant est taillée en pièces. La nature et les autres nous sont rendus étrangers comme nous sommes devenus étrangers à notre propre nature, expropriés de l’usage de nos vies. Notre faculté à vivre pleinement est mutilée par nos prothèses numériques.
L’informatisation du monde c’est la destruction de la communication entre personnes, cet échange partagé où chacun accepte d’être modifié dans un copilotage à plusieurs. De la communication, l’informatique n’utilise que l’échange de données figées, supprimant des rapports tout ce qu’il y a d’interactif, de vivant et d’humain.
À l’ère informatique, être en contact autorise à se croire réellement en relation, utiliser ses prothèses communicantes permet d’imaginer réussir à apparaître comme faire-valoir de son personnage, pour mieux se faire voir. Se faire remarquer dans l’exubérance de Facebook réalise le film de son existence. Cette entreprise de représentation de sa vie s’expose comme une marchandise publicitaire dans les étalages des promotions à ne pas manquer. Mais ici le produit c’est vous. Vous êtes la marchandise de Facebook qui revend votre profil au plus offrant.
Notre monde se rétrécit dans l’artificialité de relations désynchronisées. Sous le bluff du “tout va bien”, derrière la mascarade gémit le “mal à vivre” dans sa solitude profonde. La vie sociale se contracte et se rapetisse, elle se restreint trop souvent à de simples mises à jour compulsives des profils d’apparence, croyant ainsi exister vraiment dans les apparats du spectacle général. C’est dans la solitude, la crainte d’être abandonné et rejeté d’un monde merveilleux qui se mérite que se réalise le film magnifié de sa propre non-existence. Le handicap de la décorporéité intégrée produit un vide intérieur qui intoxique toutes nouvelles communications.
Tout y est à vendre parce que chacun est le publicitaire de sa propre promotion. Il s’agit de s’y montrer haut et fort comme une marque en campagne, pour y être vu et s’y faire remarquer. Chacun devient le représentant de commerce de sa propre entreprise, et s’y vend comme une camelote de consommation rapide, noyé dans une profusion éphémère d’apparences sans fin. Cet automarketing mis en scène au quotidien n’est qu’une illusion de socialité, une escroquerie du programme.
Tout ce qui se passe sur Facebook, Google et bien d’autres n’est pas confidentiel et peut être utilisé à des fins commerciales ou policières. Plus que ça, c’est le contenu même de votre ordinateur, par les sauvegardes automatiques sur le cloud, qui n’est plus privé et qui vous est dérobé. Le numéro un du cloud, Amazon stocke vos données sur un serveur distant. Ce nuage informatique est un piège, les utilisateurs perdent le contrôle de leurs applications ainsi que la confidentialité de leurs données personnelles qui deviennent la propriété privée du trust hébergeur. Les plateformes de cloud peuvent utiliser vos données à des fins commerciales, il n’est pas rare que les mails aussi soient consultés et exploités...
Les compteurs Linky et bientôt la 5G vont permettre à des sociétés privées de récolter les informations concernant l’utilisation des objets connectés, de stocker ces données dans un big data, afin d’y être traitées, configurées et soigneusement profilées, puis revendues par petits morceaux ciblés. Quant aux commandes vocales, elles donnent la possibilité d’écouter tout ce qui se passe dans votre domicile et bientôt dans votre véhicule, d’en tirer profit en violant votre intimité.
Un moteur de recherche n’est jamais gratuit, c’est vous sa marchandise, sa source de profit. Nous sommes la matière première de son exploitation numérique. Google méga-entreprise transnationale, concentre à lui tout seul 93 % des recherches en Europe. Dans le monde de la représentation numérique, je suis ce qu’il sait de moi, lui seul gère tout ce qui compose mon identité et l’image de mon paraître. Ce maître du jeu instaure et affine ses critères de sélection. La visibilité de l’existence dans le monde du spectacle dépend de ses algorithmes qui dirigent l’apparaître en représentation.
Ce moteur fait disparaître tout ce qui n’est pas conforme à l’idéologie marchande par une manipulation algorithmique des résultats des recherches. Il s’agit ici d’empêcher la diffusion d’informations opposées au pouvoir et aux affaires. L’accès autorisé favorise toujours les intérêts commerciaux et financiers. En déterminant à notre insu notre accès aux informations, il formate notre vision du monde. C’est le point de vue idyllique du spectacle des marchandises, la pub-propagande de la dictature économique.
Ce n’est pas qu’un moteur de recherche de site web, de photos, d’images et de livres, c’est aussi une messagerie, un navigateur, un traducteur, un éditeur cartographique, un chat vidéo, un identificateur des visiteurs de site web, un hébergeur et contrôleur de musiques et de vidéos, un gestionnaire d’exploitation de smart phone avec ses applications de surveillance et de géolocalisation continues, un magasin en ligne, et aussi un entremetteur publicitaire pour affichage ciblé... Cette technologie est le reflet machinique de ceux qui en sont devenus les propriétaires, seuls maîtres à bord.
Par défaut, l’algorithme récupère et croise une quantité monstrueuse de données. Cet espion capte un peu tout de notre vie privée, nom, photos, contenus des emails, téléphones, adresses, vidéos, requêtes de recherches, historiques de navigation, SMS, contacts et réseaux d’amis, identifiants, adresses IP, numéros de cartes de paiement, données techniques sur les appareils connectés, signaux GPS, Points d’accès Wifi, localisations d’antennes relais, captations sonores et reconnaissances vocales... Il récolte nos informations intimes qu’il stocke dans un Big Data afin d’y être traitées, classifiées, profilées, pour, au bout du compte, être revendues au plus offrant. Nous sommes ses objets connectés, ses marchandises vendues à ses partenaires et ses clients.
Cette machinerie numérique n’est que la machination manipulatrice de la smart city. L’intelligence présumée de cette ville robotisée est une escroquerie qui cache la dure réalité d’une exploitation où Big Brother surveille, dénonce et punit. L’intelligence artificielle est une légende pour crédules soumis à ses programmes liberticides. La ville-machine pilote en automatique, c’est une technopolice qui change la société des êtres humains en système numérique sous contrôle. Si la dictature est informatisée, elle sert toujours les intérêts d’une poignée d’hyperriches qui financent sa gestion, et programment son fonctionnement.
L’intrus viole notre intimité, surveille, collecte, classifie, cafarde et vend le reste. C’est une milice technologique qui contrôle nos conditions d’existence et notre représentation du monde, intoxique notre mental et aliène notre compréhension. Sous une dictature économique généralisée, les gérants politicards ont perdu le pouvoir. Les trusts transnationaux et les milliardaires imposent les réformes nécessaires à leurs affaires mafieuses et instaurent un système technologique automatisant leur domination sans partage.
L’internet s’est développé sur le fonctionnement du système marchand qui l’a récupéré. Pour libérer le Net de sa marchandisation et du contrôle permanent de ses machines, il faudrait revenir à ses origines, une plateforme d’échanges et de partages auto-organisés pour la recherche et l’information, une large bibliothèque autogérée, avec un fonctionnement à réinventer...
La confusion se propage dans le trouble du net. La connexion numérique restreint la communication. Se brancher aux machines nous éloigne un peu plus de possibles rapports réels, impliqués émotionnellement et physiquement. Nos prothèses communicantes nous représentent à l’écran loin de toute présence vivante partagée. C’est un outil de l’autorité dominante qui contrôle la non-communication, et inscrit ainsi l’ordinateur ordonnateur dans la dénaturation humaine. Cette incorporation de la machine à l’humain le mécanise par son adaptation volontaire. Ce procédé humanise les machines numériques en leur attribuant des propriétés propres à notre espèce. Le stockage des données est pris pour de la mémoire, et l’intelligence humaine se retrouve réduite à de simples opérations traitées par le programme informatique, qui se retrouve ainsi légitimé par le calcul binaire.
En faisant passer l’exécution d’un programme numérique pour des processus complexes d’interactions vivantes, le système d’exploitation impose l’esclavage technologique, la soumission aux machines de contrôles, effaçant le hasard de ses calculs et la liberté de ses statistiques productivistes.
Le cerveau électronique est une mystification. À chaque opération, le cerveau humain modifie ses règles de fonctionnement. L’expérience change sa biologie interne, intégrant son vécu en l’incarnant dans sa chair. Il modifie ses configurations, c’est ainsi qu’il apprend et évolue. Il fonctionne toujours comme un ensemble, une totalité qui s’autoconstruit, lui permettant de comprendre le fonctionnement global d’interrelations complexes avec tous ses sens.
L’activité de l’ordinateur est programmée. Il suit toujours les directives de ses applications, exécute les procédures de son programme par petits bouts successifs, sans jamais rien changer à la structure matérielle de ses composants, ni réécrire librement sa propre programmation. C’est une machine qui reconstruit à chaque fois les mêmes certitudes immuables. C’est une machine qui numérise la vie et marchandise l’existence, c’est la technologie du capitalisme qui l’a créée pour gérer son contrôle sur la société des êtres vivants.
Les processus complexes d’auto-organisation qu’inventent spontanément les phénomènes vivants ne se réduisent pas à des calculs sur des mesures. Les machines limitées à la reproduction de leurs programmes n’ont pas l’intelligence situationnelle globale pour comprendre les interactions complexes et hasardeuses du monde des vivants.
Tout ce qui est géré par ces machines à certitudes, est vérifié par le calcul incontestable et pris pour une exactitude irréfutable dans la situation vécue. L’outil vénéré a son sujet-objet dans la pensée séparée de son vécu, produisant ainsi sa réalité objective certifiée exacte par les croyances projetées sur la machine. La foi en la technique numérique invente sa vérité créant sa réalité divinisée. Cette vénération dogmatique de la toute-puissance des nouvelles technologies devient elle-même la vision du monde. À travers ce lavage numérique de cerveau, le monde apparaît ainsi.
L’idéologie numérique cherche par tous les moyens à nous faire croire que la machine numérique fonctionne comme notre cerveau, réduit aux simples fonctions électriques de ses neurones. Ce tout neuronal est une approximation scientifique dépassée. Le fonctionnement des neurones est influencé et dépendant d’un second cerveau qui fonctionne sur le mode chimique. Plus lent que l’activité électrique, il agit plus globalement de façon coordonnée. Essentiel pour la plasticité neuronale, il permet des restructurations de configuration qui constituent des capacités d’apprentissage. Ainsi les capacités de ce double cerveau à réorganiser ses connexions, à évoluer en s’auto-organisant, seraient bien plus phénoménales qu’on ne l’imaginait, il y a seulement quelque temps.
L’assimilation de l’ordinateur au cerveau est un grotesque mensonge, dont le seul but est l’asservissement de l’humain à la machine informatique, et sa soumission à une société technocratique surdéveloppée en un système robotisé. L’intelligence artificielle est une escroquerie de grande envergure, un artifice publicitaire inventé par les marchands de machines pour faire plus de profits, une machination idéologique pour rabaisser la réflexion humaine à une reproduction de procédures préfabriquées, assimilant les êtres vivants à des marchandises mécaniques programmées. L’informatisation précipitée a généré une soumission presque totale à l’ordre objectif du programme d’exploitation et de conditionnement.
Des objets communicants envahissent notre espace vital. Tout va communiquer, surtout la délation et l’espionnage automatisé. Des paquets de données gigantesques sont récupérés, centralisés et traités dans un Big Data, puis revendus comme informations sur le marché. La société de profits devient elle-même communication numérique.
Mais le numérique ne communique pas lui-même, et la communication humaine ne se réduit pas à un transfert de données, car c’est le modelage mutuel d’un monde commun conjugué par le langage qui engendre la vie de notre monde. L’intelligence n’est pas limitée à la faculté de résoudre un problème préconçu, mais plutôt l'aptitude à s’approprier un monde partagé en le rendant viable.
La logique implacable du calcul oblige à réfléchir comme un calculateur, utilisant l’abstraction, la décomposition, une pensée de programmation respectant le code, soumise aux procédures machiniques. Inéluctablement la pensée s’intoxique de numérique. L’informatisation de la pensée n’est pas une réalité sociale, mais bien l’expression de son absence, l’omission de la vie commune sous air conditionné, la soumission aveugle au programme.
Les machines numériques gèrent la bureaucratie des affaires. L’informatique numérise, découpe, calcule, standardise et contrôle la production pour la rendre plus profitable. Le métier et ses savoir faire ne sont plus qu’une application machinale de protocoles prédéfinis, de procédures à reproduire, une succession de modèles à suivre, une reproduction assistée par ordinateur, l’esclavage programmé robotisé, des individus comptabilisés comme marchandises éphémères du système d’exploitation. Les conditions de survie des populations asservies se dégradent dans la misère et s’accélèrent par la robotisation de l’exploitation. Il s’agit d’imposer une soumission totale à une machinerie mondiale, qui gère sa propre reproduction, pour les profits exclusifs de quelques hyperriches qui contrôlent la fabrication, la programmation et le fonctionnement des machines. Le seul but à cette informatisation généralisée de la société est le développement des inégalités, le contrôle des populations et la concentration de tous les pouvoirs aux mains de quelques milliardaires.
Nos facultés de perception, de compréhension et de communication se sont faites, en grande partie, remplacer par un appareillage informatique et amputer de leur intelligence vivante. Ces prothèses affichent sur leurs écrans le simulacre d’une réalité représentée. Les porteurs de prothèses numériques se réduisent à des prothèses portées. Ils s’imaginent que s’ils ne sont pas intégrés au système ils seront désintégrés. Ces appareils connectés en permanence donnent l’impression à leurs utilisateurs d’avoir le monde entre les mains, alors qu’ils ne se rendent pas compte qu’ils n’en ont qu’une apparence trompeuse et que le réel leur échappe totalement.
Ces prothèses dites communicantes ont remplacé la communication interactive imprévisible entre les hommes, éliminant les coopérations spontanées de la vie sociale. C’est ainsi que les connexions machiniques répandent sur leurs écrans l’absence de vie en devenant elles-mêmes cette société en représentation.
ACHÈVEMENT D’UN MONDE INVIVABLE
Le capitalisme marchand a produit la technologie numérique pour rentabiliser tout ce qui existe sur Terre. La marchandisation du monde est gérée par son informatisation. Tout y est calculable comme valeur marchande, l’homme y compris. Tout est profitable aux plus puissants pour produire toujours plus de bénéfices. Les choix technologiques des industriels ont verrouillé les progrès scientifiques à venir, bloquant toute évolution sociétale humanisante par leur main mise mortifère.
Notre société est un système machinique d’oppressions qui impose la dictature d’une économie mondialisée, dissimulée comme technique incontournable de gestion. L’exploitation par le travail disparaît derrière la nécessité irréfutable de la technologie.
Le coût de la survie a beaucoup augmenté pour plus de la moitié de la population, durant ces 60 dernières années. Les prix des denrées de première nécessité et de l’alimentation ont grimpé, le pouvoir d’achat s’est progressivement effondré. Il n’y a que les nouveaux gadgets superflus qui ont vu leurs prix descendre en même temps que leur obsolescence s'est accrues. C’est le règne du gaspillage de camelotes éphémères. Une grande partie de la population s’est appauvrie dans une misère grandissante, pendant qu’une petite minorité d’affairistes amassait des fortunes titanesques, et ceci de plus en plus vite.
Les plus fortunés paient très cher les gens de pouvoir pour qu’ils appliquent des politiques antisociales, et ceci très secrètement. C’est tout un système de corruption qui s’est généralisé. La Commission européenne, comme les ministres de chaque pays, et les élus locaux sont manipulés par les lobbies et les multinationales. La dictature économique est bien installée et bien rodée, qu’elle soit européenne, interministérielle ou mondiale.
Avec l’informatisation des affaires mondialisées, l’accumulation automatisée des profits s’accélère. L’argent produit de l’argent, et peut maintenant se multiplier automatiquement à l’infini, échappant aux contraintes de la production, par des spéculations financières opaques, dans des réseaux parallèles, en dehors de tout contrôle. Plus de 80 % des richesses du monde passent par des échanges immatériels entre ordinateurs qui se font sans entrave à la vitesse de la lumière, dans l’ombre de réseaux obscurs.
Ceux qui gagnent vraiment beaucoup d’argent sont ceux qui investissent ce qu’ils ne possèdent pas, mais ce qu’ils ont emprunté pour rien afin de générer des rendements très élevés. Depuis dix ans aux États-Unis on est plus vraiment dans un système libéral, car en investissant en bourse on est sûr de gagner des fortunes. Les investissements abandonnent la production trop incertaine pour les jeux spéculatifs beaucoup plus lucratifs. C’est un casino où l’on ne peut que gagner, sauf en cas de crack, où là, seuls les plus fortunés et les plus informés ramassent le pactole.
La finance impose aux banques des taux d’intérêt à zéro pour cent, des prêts gratuits, aussitôt réinvestis en bourse. C’est la finance de l’ombre, un enchaînement sans fin de dettes spéculatives gigantesques qui gonflent sans cesse en une bulle disproportionnée, bien plus importante que tout ce que l’on a déjà connu. Ces richesses titanesques échappent aux statistiques, aux impôts, et disparaissent dans des circuits informatisés opaques.
Suite au désastre de la crise, les États ont feint de régulariser l’incontrôlable. Les banques centrales achètent de plus en plus d’actions pour tenter de contrôler les bourses, mais les bourses de l’ombre ainsi que les transactions de gré à gré leur échappent totalement. La fin du secret bancaire n’a concerné que les millionnaires de la petite bourgeoisie. Les milliardaires, eux, anonymisent leurs gains en diversifiant leurs placements dans des trusts, dont les bénéfices sont concentrés dans un autre trust bien planqué dans un paradis fiscal, et dont les transactions échappent complètement aux bureaucraties officielles. Évidemment, tout le monde n’a pas accès à ces spéculations opaques en plein essor, et encore moins aux informations nécessaires pour gagner beaucoup à coup sûr. Ce terrain de chasse très lucratif est réservé à la haute bourgeoisie.
Un investissement financier peut se multiplier par plus de 24 en 40 ans, les gains peuvent doubler tous les 2 ans. Dans les places financières de l’ombre, les bénéfices gonflent encore plus vite et les profits s’accélèrent vertigineusement selon une courbe exponentielle, dans une misère humaine grandissante, une planète dévastée et un monde en ruine. L’économie est pillée et ruinée par une haute finance opulente, surexcitée par l’abondance et la rapidité d’un gain trop facile, dévorant tout ce qu'il reste d’un monde en faillite.
La crise a été inventée pour permettre à une toute petite minorité de faire rapidement des affaires encore plus juteuses, et ainsi que rafler les revenus démesurés d’une spéculation sans limites. Ce qui rapporte le plus de nos jours ce sont les jeux sur les financements des dettes, des crédits et des obligations. La dette publique mondiale représente plus de deux fois le poids de l’économie du monde. Les dettes créent de l’argent en quantité, et c’est beaucoup trop de liquidités qui circulent dans les sphères de la haute finance. La crise est une escroquerie, une source de profit sans limites pour des milliardaires suicidaires qui ruinent l’avenir, pour toujours plus de gains raflés à des populations appauvries et asservies. Plus des trois quarts de l’argent des hyperriches servent à la spéculation. Ils parient sur un avenir incertain et à peu près n’importe quoi, sans même avoir les fonds nécessaires, multipliant les dettes, faisant gonfler des bulles financières qui leur rapporteront des fortunes lors de leur éclatement, tout en provoquant des désastres économiques planétaires sans précédent. Le futur a été pillé, la faillite du capitalisme s’accomplit dans l’illusion du bonheur. La gangrène se propage dans ce système machinique, en roue libre, et s’emballe dans une auto-destruction qui a déjà commencé.
La course effrénée aux profits, la frénésie incontrôlable des spéculations, l’enfer du travail compétitif, l’obsolescence et le gaspillage institués, l’exploitation mortifère de la nature et de l’homme démolissent une société fragilisée en ruinant la vie. La destruction des forêts, de nombreuses espèces végétales et animales, la disparition des insectes, dont une grande partie de pollinisateurs menacent les écosystèmes. La société marchande détruit peu à peu tout ce qu’elle exploite, puis dissémine ses déchets. Les pollutions chimiques, nucléaires et électromagnétiques risquent de se répandre et de s’accentuer dangereusement menaçant notre santé. La quantité d’eau potable a diminué de moitié en 50 ans. On a perdu en un demi-siècle un tiers des terres arables. L’érosion des sols et la désertification s’étendent dangereusement. L’épuisement des ressources naturelles et des métaux rares nécessaires à la fabrication de batteries et du matériel informatique menace déjà leur production. La nourriture et son pouvoir nutritif s’appauvrissent, la fertilité des sols se détériore, la biodiversité chute rapidement, les dérèglements écologiques, l’instabilité climatique et la dégradation générale de la nature mettent en danger l’agriculture et l’alimentation des populations.
Les mass-medias tournent en boucle sur le réchauffement climatique. Ces dérèglements du climat ont des causes multiples, et ne sont pas cataclysmiques. La théorie réductionniste du “réchauffement climatique” est une idéologie comptable du CO2 construite sur des statistiques et des moyennes générales, où chaque effet à sa seule cause attitrée, ignorant l’ensemble des équilibres instables du vivant, mais aussi les processus circulaires de l’écologie, avec ses interrelations complexes et ses interactions multiples dans un écosystème planétaire dépendant du système solaire.
C’est le fonctionnement normal du capitalisme qui produit les dérèglements écologiques et l’intoxication de la vie. Cette catastrophe annoncée par tous les médias culpabilise les individus pour innocenter un système marchand destructeur. La prophétie apocalyptique appelle la nécessité d’une technique de gouvernement moraliste qui s’impose par la peur pour conjurer le sort du destin. La croyance en ces prédictions catastrophiques, calculées sur la probabilité du pire, est prétexte à de nouvelles restrictions comme des contraintes pesantes qui viennent s’additionner à l’exploitation capitaliste qui nous écrase. Tout repose sur des hypothèses scientistes parcellaires et restrictives prises pour des constats universels indiscutables.
Dans ce monde complexe et instable, les prédictions ne s’avèrent jamais exactes. La prédiction de l’avenir est une source d’erreurs quand elle n’est pas une escroquerie. Des experts officiels avaient déjà prédit des désastres conséquents au refroidissement mondial prévu dans les années 70, la fin imminente du pétrole, le trou dans la couche d’ozone... Ces experts des gouvernements, qui servent les intérêts des multinationales, ont fait leurs preuves : l’amiante, le sang contaminé, le nuage de Tchernobyl, les pesticides, fongicides, herbicides... Ils ne sont plus crédibles ! On perd beaucoup en liberté et en intelligence collective à subir l’autorité des experts de l’État.
Le climat se réchauffe, c’est un fait avéré, qui est récupéré, interprété et dénaturé. L’effet de serre est un phénomène naturel, dû au CO2, mais aussi à la vapeur d’eau, au méthane atmosphérique... Sans cet effet de serre, la Terre gèlerait littéralement, et sans CO2 il n’y aurait pas de vie sur terre. La théorie du réchauffement climatique restreint ses causes aux influences du CO2 produit par l’homme. Cette théorie dépend des rapports des experts du GIEC. Celui-ci a été créé en novembre 1988, à la demande du G7. La décision du G7 avait été prise sous la pression de Ronald Reagan et Margaret Thatcher, afin de justifier le nucléaire et d’empêcher une agence de l’ONU, soupçonnée de militantisme écologique, de mettre la main sur l’expertise climatique. Le GIEC ne fait que des hypothèses prédictives, qu’il présente comme les données d’une réalité inévitable, et les possibilités y deviennent très vite des certitudes scientifiquement prouvées. Les simulations passent pour une objectivité incontournable et incontestable.
Limiter les causes de l’effet de serre aux gaz et à l’empreinte carbone de l’activité humaine, en ignorant l’influence prépondérante de la vapeur d’eau et des nuages, ainsi que beaucoup d’autres facteurs, est une hérésie scientifique et une absurdité écologique. Les micros et nanoparticules, les pressions et dépressions, les océans, le bétonnage des villes, les rayonnements et les ondes, sont des phénomènes parmi bien d’autres qui jouent un rôle dans la formation des nuages, et donc modifient un climat en perpétuel changement.
Aucun modèle unique n’est capable, pour prévoir le réchauffement mondial, d’intégrer ou d’essayer d’intégrer toutes les variables. Les modèles informatisés utilisés pas ces experts corrompus, basés sur des omissions et des incertitudes substantielles, ne sont pas fiables. Le climat se réchauffe effectivement, mais la méthode et les conclusions catastrophistes du GIEC sont plus que discutables. Ces devins scientistes, au service des gouvernements, ont ainsi produit avec l’aide de tous les mass médias, un climat de peur, un écran de fumée anxiogène et persistant pour masquer les réels dangers bien présents que sont les pollutions chimiques (air, eau, nourriture), électromagnétiques, nucléaires, particules fines, nanoparticules, métaux lourds, perturbateurs endocriniens... qui menacent effectivement la vie sur terre.
Ce qui est caché crée l’illusion, la panique et la soumission à un système qu’il s’agit seulement de perfectionner en le verdissant, afin de développer un écocapitalisme profitable aux plus riches. L’écologie récupérée, dénaturée et falsifiée, sert maintenant de prétexte aux nouvelles servitudes modernes, permettant un pillage maquillé et effréné des derniers restes de vie à exploiter, détruisant la biodiversité, intoxiquant tous les écosystèmes. Le désastre est déjà là, l’extinction des espèces, l’intoxication chimique et la bouillie électromagnétique généralisée... Reporter la catastrophe sur un futur hypothétique en la limitant au réchauffement, c’est autoriser, au présent, son expansion mortifère multiforme.
La propagande médiatique ne discute que de chiffres, de dates, de doses et de statistiques. Les caprices du climat mondial ne se modélisent pas dans leurs supercalculateurs, les aléas des interrelations des processus vivants ne se résument pas à une série de chiffres et de moyennes, les interactions hypercomplexes d’un écosystème global n’entrent pas dans leurs programmes étriqués, la nature ne s’informatise pas. Le climat est une variation permanente, une instabilité en interdépendance avec son milieu, un phénomène complexe et ingouvernable. Il n’y a pas de coupable, il n’y a que des interactions dans des ensembles multiples ouverts à leur environnement. Il n’existe pas de système isolé, car nous vivons dans un monde composé de relations. Isoler une partie, disséquer en fragments séparés un système d’interactions complexes détruit la compréhension de l’ensemble. L’écologie est une manière de comprendre l’ensemble dans ses interactions, incompatibles avec la fragmentation concurrentielle du système capitaliste qui sépare, catégorise, spécialise, expertise, divise pour mieux contrôler, mieux réprimer et mieux profiter.
Les prédictions des experts gouvernementaux sont des suppositions scientistes, des commentaires idéologiques sur des hypothèses statistiques, des préjugés qui n’ont pas grand-chose à voir avec la recherche scientifique. La science nécessite un questionnement et une remise en cause permanents, c’est ce qui maintient sa réfutabilité, et donc la préserve du dogme. L’écologie récupérée est fragmentée, constituée de mesures chiffrées puis extrapolées, montées en représentations prédictives, en projections catastrophiques, administrant la réalité spectaculaire d’un capitalisme en décrépitude.
Une prédiction statistique projetée dans nos représentations numériques n’est plus une hypothèse incertaine, mais bien une vérité d’une évidence implacable, une promesse indiscutable qui s’avère pourtant toujours décevante. La normalité idéologique représente le futur comme le seul modèle possible, une réalité inévitable à laquelle on doit se soumettre dès aujourd’hui.
Les prophètes présagent l’avenir comme un devenir inéluctable, une fatalité de mauvais augure qui rend le présent acceptable. Mais ce maintenant illusoire n’est plus que dans cet avenir en devenir, le vécu s’étant perdu dans la représentation projetée, désintégrée dans son transfert.
L’écologie est une création de l’esprit, un concept dénaturé, réduit à une idéologie intolérante où le futur remplace le présent. La nature n’existe pas, c’est une abstraction, un prétexte pour séparer et ainsi maintenir une distance entre l’humain et son environnement, entre soi et sa propre nature. Étrangers au monde nous ne sommes plus nous-mêmes, séparés de notre propre nature, la vie nous échappe.
Tous ceux qui ne s’incluent pas dans la nature, renient leur propre nature humaine, la rendent étrangère à leur vie, la chosifient pour mieux l’exploiter, transformant ainsi l’humain en marchandise parasite de la vie. L’écologie unitaire est un outil de compréhension globale de tout ce qui se vit sur terre, dans le contexte d’un écosystème élargi à la planète, avec ses interactions, dans le cours de leurs évolutions, de leur histoire. Les machines numériques ne peuvent pas prendre en compte les interrelations complexes souvent imprévues, au hasard d’interrelations multiples enchevêtrées, d’où émergent parfois des changements inattendus qui ne sont pas programmables.
Au service de leurs employeurs, les pseudo-scientifiques, experts d’État, trouvent évidemment ce qu’ils sont venus chercher. Les prévisions, tirées des calculs informatiques, amplifient les croyances qui protègent les intérêts de ceux qui les ont programmées. Dans des écosystèmes très complexes, les modèles informatiques ne sont pas très fiables et l’interprétation de leurs résultats souvent extravagants. Les pronostics catastrophiques sur le réchauffement produisent un climat anxiogène qui focalise nos réflexions et déforme nos compréhensions. Ces devins, au service des gouvernements, annoncent le désastre pour très bientôt afin de répandre la peur et l’angoisse dans l’intention de calmer les ardeurs de quelques rebelles et administrer la soumission volontaire au programme contraignant. L’extinction finale a été décrétée scientifiquement comme notre devenir inéluctable, et rabâchée dans tous les médias comme une publicité tapageuse. La focalisation de toutes les attentions sur un climat futur inaccessible fait disparaître un présent beaucoup trop dégradé et dénaturé. La vie sur terre n’est pas menacée d’extinction par une augmentation de quelques degrés du climat, mais bien par des pénuries d’eau, la raréfaction des nuages, la déforestation, la désertification, les pollutions chimiques, électromagnétiques et nucléaires. Par son exploitation sans limites, le capitalisme est destructeur et suicidaire, et le désastre qu’il produit est déjà là !
Tout ce qui est parcellaire et n’agit pas dans le sens d’un dépassement du système capitalisme dans son ensemble, est récupéré par celui-ci. Ce système capitaliste ne se réforme pas, il développe librement et sans entrave ses affaires fructueuses, par l’exploitation destructrice de tout ce qui peut rapporter gros. Il menace directement la vie sur terre, non pas par un réchauffement de quelques degrés, mais par une pollution débridée, omise et occultée par tous les mass médias. L’écologie spectacle orchestrée par les experts du pouvoir se fait complice, par focalisation restrictive, de l’intoxication généralisée de la vie par tout un système de contraintes rendu naturel.
Le désastre est déjà dans notre vie quotidienne, il a intoxiqué ce qui reste de notre survie. Le monde marchand ravage une planète en ruine, et détruit la vie dont il tire profit avant qu’il ne soit trop tard. L’intoxication est biologique et mentale, les nuisibles sont au pouvoir, les décideurs sont des casseurs de vies. Pour les profits personnels de quelques hyperriches, les gens de pouvoir empoisonnent la société et saccagent les équilibres fragiles de la vie. Il ne s’agit pas de croissance ni de décroissance du capital, mais du capitalisme lui-même, qui est par essence dévastateur. La nature est notre propre nature, nous ne voulons pas d’un monde qui pourrit nos vies. Il ne s’agit plus de survivre dans la misère, mais de vivre pleinement.
L’effet de serre n’est pas l’écologie, c’est aujourd’hui une focalisation obsessionnelle qui cache l’emballement des pollutions et l’intoxication de la vie. Peu importe les prédictions prétentieuses, c’est la pollution qu’il faut éradiquer, et le capitalisme, toxine de nos vies, qu’il faut éliminer. Les devins-experts sont toujours des menteurs, l’effondrement du vivant est déjà là ! Le monde survit péniblement dans l’intoxication générale.
Il s’agit maintenant, pour échapper aux prédictions d’un désastre programmé, de construire un monde vivant, sans chefs et sans marchands, de prendre nos vies en main par une auto-organisation égalitaire, une révolution écologique, sociale et libertaire. Par détournement et débordement, à l’abordage du vieux monde en décrépitude, notre colère s’insurge contre une dictature économique mortifère, pour sauver la vie sur notre planète. Notre devenir ne se construira pas sur la croyance aveugle en un futur catastrophique, mais sur l’appropriation émancipatrice de nos vies, par nos expériences personnelles et collectives de révoltes partagées, d’où émerge notre monde commun égalitaire, sans contrainte ni entrave.
Toutes les courbes indicatrices de production ou de consommation grimpent en flèche alors que les ressources s’épuisent progressivement. Les spécialistes cherchent à limiter le désastre, minimiser les dommages en disséminant la misère avec quelques millions de morts acceptables, sans trop savoir ce qu’ils font. Il n’est pas possible d’appréhender le changement d’un système du point de vue de son fonctionnement interne, en ses propres termes. Les dirigeants tâtonnent à l’aveugle dans un enchevêtrement de doubles contraintes, prisonniers de paradoxes qu’ils ne discernent pas et qui les dépassent. Ce système d’exploitation marchand n’envisage pas d’autre solution que celle de perdurer dans son auto-destruction, occultant en permanence la fin de son existence comme seule condition de survie. C’est cette omission qui crée l’illusion d’un bien-être d’apparence dans une intoxication mentale généralisée.
Nos conditions d’existence sont gérées par ordinateurs qui nous ordonnent dans leurs procédures. Dans une société informatisée, on résout les problèmes de façon technique par une fuite en avant technologique. La raison technique passe pour un moyen de légitimation du pouvoir dominant, l’oppression devient une nécessité technique, et tout s’accélère dans une atrocité inhumaine. En s’emballant, le système engendre une dictature du désastre qui prétend gérer la catastrophe tout en la produisant, pour en tirer les meilleurs profits jusqu’à la fin.
Le catastrophisme préfigure la fin du monde, il se construit dans l’apparence permanente d’un instant immobile, l’omission de tout bouleversement, sans renversement possible ni changement de perspective. Le catastrophisme est une soumission durable à l’inévitable programmé. Mais il va de soi que sans prédire l’avenir, on peut percevoir qu’un vaste processus destructeur a déjà commencé.
Le choc sidère, la perte des illusions conformistes commotionne et fige les perceptions dans un refus de comprendre le cours des événements. Le système est en train de s’autodétruire dans l’illusion béate de son accomplissement technologique. Gérer le désastre est une soumission durable, il s’agit maintenant de le dénoncer et d’attaquer le capitalisme mortifère qui le génère. Nous en sommes au début de la fin du capitalisme, à l’aube obscure d’un Nouveau Monde, encore possible. Sortir d’urgence de cette société marchande inégalitaire, injuste, invivable et suicidaire est maintenant inévitable.
COUP DE VENT SUR POLLUTION MENTALE
Notre monde et notre espèce sont maintenant dangereusement attaqués et menacés par la marchandisation généralisée, jusque dans notre manière de le réfléchir. Le temps de l’exploitation et de son conditionnement est devenu irrespirable, changer d’air y est une nécessité vitale. Pour entamer un processus de libération ouvrant de nouvelles possibilités par recadrage sur la situation, nous avons besoin de comprendre le fonctionnement des manipulations toxiques du mental. Une désaccoutumance ne pourra commencer qu’avec une critique fondamentale des intoxications, réalisée effectivement dans un sevrage progressif. Ces pratiques peuvent avoir des formes diverses, spécifiques à chacun. Il n’y a pas de guide de désintoxication mentale, il n’y a que des expérimentations personnalisées.
Cette reconstruction volontaire évolue par une déprogrammation du conditionnement normatif en ouvrant de nouveaux espaces de liberté, et s’améliore par une désintégration de la dissociation, dans une nouvelle cohérence unitaire construite sur une réappropriation personnelle de son vécu, à travers un changement de perspective individuel et collectif.
La machinerie qui gère la société, la désincarne dans une abstraction automatisée. Mais ce n’est pas contre un système technologique abstrait et impersonnel que l’on peut se soulever pour le renverser. On ne s’attaque pas à un outil, mais à ceux qui l’utilisent pour exploiter les populations, la classe bourgeoise et ses hommes de main. Quant à l’infrastructure informatisée qui contrôle et administre les rapports sociaux, elle doit être sabotée et détruite là où elle commence à s’effriter. Passer par où c’est le plus facile permet d’aller plus loin.
En dépersonnalisant la domination, la responsabilité des prédateurs disparaît, elle devient inaccessible, sacralisée en une technocratie indispensable, une informatisation générale inévitable, qu’il s’agirait juste de régler et de réajuster pour que tout paraisse acceptable, occultant définitivement l’exploitation illimitée des populations par quelques hommes. Ainsi la technologie numérique divinisée dissimule l’autorité dans son programme, qui devient lui-même l’autorité suprême. C’est cette exploitation barbare informatisée, et l’oppression insupportable qu’elle produit qu’il faut abolir pour s’émanciper de la marchandisation et de son aliénation. Il faudra casser l’autorité qui engendre la servitude pour pouvoir se réapproprier collectivement la maîtrise de nos conditions d’existence, par une auto-organisation libre et égalitaire.
L’efficacité par l’unité est un mythe centralisateur qui cache la domination de quelques bureaucrates. Il n’y a pas de convergence unificatrice sans uniformisation et prise de pouvoir d’une minorité. Nos organisations horizontales n’ont besoin que de coordinations temporaires. La diversité des points de vue et des actions en recherche d’osmose est notre force et la vitalité de notre émancipation libératrice. La liberté ne se centralise pas, elle ne s’impose pas. La représentation par des délégués, une élite bureaucratique désignée, est la porte ouverte à la prise de pouvoir par une minorité de profiteurs. Un parti à prétention révolutionnaire, qui se croit éclairé et détenteur exclusif d’une vérité universelle, ne peut qu’imposer sa dictature à un peuple qu’il considère ignorant et demeuré.
La dictature du prolétariat est une escroquerie qui donne les pleins pouvoirs aux dirigeants d’un parti censé représenter un prolétariat berné par ses propres délégués. La dictature du parti permet d’anéantir le mouvement révolutionnaire, au profit d’une bourgeoisie bureaucratique, en instaurant un capitalisme d’État.
Actuellement, les actions sont spécialisées et séparées les unes des autres. Ce sont des revendications par corporation, par secteur, par communauté, des réactions à l’humiliation, la violence dans un domaine précis. Ce sont des critiques parcellaires qui omettent une remise en cause générale. En séparant et restreignant les actions à des domaines particuliers, c’est le fonctionnement général de la société qui se retrouve acceptable, car non remis en cause. Les révoltes partielles, locales et parcellaires ne peuvent se réaliser pleinement que dans un renversement de perspective global.
Les populations appauvries par un capitalisme qui se croit triomphant se sont prolétarisées en nombre sans s’en rendre compte. Le prolétariat, qui n’a aucun pouvoir sur ses conditions d’existence, est le seul à avoir vraiment intérêt à abolir toutes les classes par la suppression de toute domination et de tout esclavage, ainsi que par sa propre dissolution dans l’auto-organisation de l’émancipation humaine. Le seul but du prolétariat est sa propre disparition en tant que classe d’esclaves et d’exploités pour une libération égalitaire et la désaliénation de tous.
L’avant-garde révolutionnaire est un mythe dangereux. C’est un intellectualisme dominateur qui critique et manipule un peuple ignorant, un radicalisme idéologique qui, par ses actions exagérées, ses vérités factices et ses discours grandiloquents, cherche à impressionner les assemblées qu’il veut manipuler et contrôler. Ces petits chefs arrivistes et nuisibles jouent de leurs simagrées pour récupérer à leur cause uniforme des mouvements polymorphes qui leur échappent.
Les médias représentent et mettent en scène une réalité cadrée, tronquée, occultant toute critique et toute contestation globale, répandant l’image d’un monde compatible avec les intérêts des affairistes milliardaires, propriétaires de toutes les agences de presse et de communication. C’est pour cela que la révolution ne sera pas télévisée, mais plutôt occultée, déformée, dénigrée, calomniée... Toute action qui cherche à se faire médiatiser, croyant ainsi exister, sera récupérée et détournée par les pouvoirs dominants afin de servir leurs propres intérêts. Tout compromis avec les usurpateurs de pouvoirs est une capitulation. La mise en représentation s’intègre à un monde qui se maintient dans l’illusion. Déserter les rôles et dénigrer les contrôles par irrespect des règles et rejet de l’autorité permettent l’émergence du dépassement de la conformité.
La forme de nos combats n’est pas une fin en soi, mais seulement un moyen parmi d’autres. Se fixer sur l’apparaître de nos actions, produit des images plus importantes que les actes de libération. Le changement en spectacle produit la mise en scène d’une révolution fantasmée qui économise sa réalisation effective. La précarité du monde en représentation entraîne des contestations précipitées parcellaires, des apparences de révoltes épisodiques dont le seul but est d’être vu, de passer à la télé. La représentation visible de la rébellion occulte la volonté de changement global qui l’habite et l’anime.
La récupération, par le système, de sa contestation passe par les polémiques des politiques partisanes. La récupération des révoltes contre l’esclavage du travail passe par le réformisme syndical corporatiste. Les syndicats négocient avec nos exploiteurs les conditions de notre exploitation, la quantité de souffrance acceptable pour survivre, alors que ces révoltes expriment la nécessité de l’abolition de l’exploitation et la volonté de renverser la dictature économique qui en gère le fonctionnement. Ce système marchand totalitaire n’est pas réformable, il suit son développement technologique irréversible, l’exploitation capitaliste y est sans entrave et non négociable, on n’y discute que de détails sans importance. Inexorablement, le capitalisme entraîne l’humanité dans encore plus de misère et de souffrance, sauf pour quelques-uns.
Changer la vie est l’essence même de tout mouvement révolutionnaire. La multiplication des ZAD dans un monde restant capitaliste est nécessaire à l’expérimentation autonome collective, mais ne sera pas suffisante à un dépassement émancipateur. Il est préférable de multiplier les horizons dans la perspective d’une sortie mondiale du capitalisme. Personne n’a à imposer aux autres sa manière de faire. Il ne s’agit ici que de bricoler ensemble une organisation souple et opérante au fur et à mesure des actions communes. Aucune structuration prédéfinie des combats et de ce qu’on en dit ne sera une garantie de la radicalité révolutionnaire de nos luttes. Seules nos pratiques vivantes de prolétaires antiautoritaires et égalitaires portent en elles leurs devenirs.
Dans un monde d’affaires mafieuses au bord de la faillite, où l’illégalité est une pratique quotidienne des privilégiés, les décideurs accompagnés de tous leurs petits chefs corrompus ne sont plus crédibles, la hiérarchie ne peut plus être respectée et l’autorité devient alors un abus insupportable. Il n’y a aucun principe à suivre servilement, aucune ligne de conduite à respecter, aucun mode de vie à adopter, chacun est libre et responsable de ses choix envers les autres, tout est discutable à tout moment. L’amour, le plaisir, la paresse, la passion d’apprendre et de partager, le jeu sur les règles du jeu, le détournement, le discrédit du spectacle et la ridiculisation de la publicité, l’irrespect de l’autorité et de ses interdits, sont autant de pratiques anarchistes nécessaires à un renversement de perspective, et indispensables à l’irruption insurrectionnelle d’un mouvement révolutionnaire. Anarchiste n’est pas une étiquette, une organisation, une identité, un logo ou un drapeau, mais bien une pratique vivante auto-organisatrice antiautoritaire et égalitaire d’une personne dans ses expérimentations individuelles et collectives, qui la rend autonome, sociable et toujours ingouvernable. L’anarchie, ou l’absence d’autorité est le mode d’organisation le plus complexe et le plus fiable, c’est la construction collective d’une recherche d’harmonie autoréalisatrice la plus évoluée.
La liberté d’action et d’expression ne peut pas se restreindre et se diminuer dans une uniformisation unitaire contraignante sans s’étioler et disparaître. Agir et en parler est multiforme et doit le rester pour respecter la liberté de chacun, et s’enrichir en se renforçant de l’abondance de la diversité, dans la profusion des différences, et une mouvance complexe coordonnée. Lorsque la richesse multiple des interactions franchit un certain seuil, le mouvement global engendre de nouveaux comportements d’ensemble tout à fait imprévisibles. Contre la soumission à une uniformisation normative, notre éclectisme est notre force vitale en rébellion. Réinventer les incroyances d’un moment multiforme c’est libérer du possible dans le réel du vivre ensemble.
Pour prendre un peut de discernement dans la confusion, il s’agit de commencer à ne plus s’agripper aux normes, rêver en dérive, expérimenter le hasard, poétiser l’inattendu impromptu... Les liaisons développées dans les rêves sont des analogies en action qui permettent de confondre des univers différents jusqu’alors bien séparés par une pensée intellectuelle fragmentée. Reliée par similitude, métaphore, transposition, combinaison, l’utilisation du hasard dans un ensemble de faits multidisciplinaires crée un contexte transversal. D’associations fortuites de rebondissements analogiques, émergent des processus créatifs. Rêver rend inventif, et perdre ses certitudes intelligent. Notre propre nature vivante est imprévisible et innovante.
Il n’y a pas d’objet sans sujet observant, l’idéal de l’objectivité est une chimère. Les dualités du bien et du mal, du vrai et du faux sont des concepts restrictifs contraignants qui aliènent notre compréhension des phénomènes. C’est en renonçant à nos certitudes que l’on peut comprendre l’absence de fondement, comme le commencement d’un abandon des croyances restrictives aveuglantes, une libération ouvrant des espaces d’émancipation par une reconstruction réciproque des sujets agissants dans le cours de la vie d’une communauté égalitaire réinventée.
La curiosité d’une recherche continue nous libère d’une pensée restreinte à des certitudes immuables, qui compartimente et mutile. Quand dans le vivant de la réflexion tout est lié, interdépendant dans une évolution commune, rien n’est définitivement acquis, tout reprend vie dans une transformation créative permanente.
Il n’y a qu’un libre jeu qui se joue des règles, la création temporaire d’un ailleurs éphémère, les désirs les plus fous, les rêves, les utopies, l’invention d’incroyances, le bricolage de l’improbable, qui puissent permettre l’ouverture sur de Nouveaux Mondes de libertés dans l’égalité, sans contrainte et sans entrave.
Nous construisons notre monde avec d’autres personnalités qui sont différentes de la nôtre. Si nous voulons continuer de coexister malgré les conflits, et ne pas nous exterminer, il nous faudra reconnaître que nos certitudes ne sont plus des preuves, que toute vérité est issue de notre construction mentale et ne peut être que relative à notre point de vue et à nos croyances. Si l’on ne veut pas nier l’autre dans son existence particulière, sa personnalité, sa liberté, il nous faut élargir notre perspective en incluant un domaine qui permette à tous de s’accorder librement dans l’émergence d’un monde commun.
Une société humaine se compose de personnes différentes et similaires, toutes considérées comme nos égales. Le monde n’est plus la réalité objective des marchands d’illusions, mais une libre construction collective auto-organisée qui prend sa source dans la rébellion et l’émancipation commune.
Tout sujet actif de sa vie n’est plus contraint à se faire déterminer par une restriction objective d’une réalité sans sujet. Il déploie alors une pensée situationnelle agissante où le sujet s’implique dans son monde en le transformant avec les autres.
La différence des points de vue nous offre la possibilité d’esquisser un processus consensuel commun, créant de nouveaux horizons. Cette conception plus large, s’inspirant des écosystèmes de la nature, considère chaque acteur de la société comme étant lié et interactif à l’ensemble. C’est l’émergence d’une situation dans l’angle mort du contexte, décalé dans un renversement de perspective. Cette approche globale transversale prend en compte la pluralité des perspectives, les relations et les interactions entre les membres vivants d’une société plus humaine.
Aucune vérité qui se croit divine, parce que la seule possible, ne peut convaincre sans vaincre les “hérétiques”, et s’imposer autoritairement sans détruire la composition d’un monde commun, construit ensemble en se considérant tous égaux. Toute prétention à une vérité universelle est destructrice d’humanité.
Quand le seul futur proposé par un système marchand suicidaire se limite aux profits à prendre sur l’autodestruction de son devenir, le pillage de son économie, l’épuisement de ses ressources, l’intoxication de tous les organismes vivants, alors l’hérésie de son dépassement devient la seule issue viable. Seules les illusions de notre aliénation mentale sont prédéterminé dans un immobilisme durable. Ce qui est vivant n’est pas déterminé, ce qui le spécifie c’est qu’il s’autoproduit et s’auto-organise dans sa propre dynamique.
La vie bricole ses diverses possibilités, cherchant à prendre sa liberté d’agir en utilisant des moments émancipateurs au hasard de ces temps incertains. L’expérimentation du hasard utilise l’imprévu, l’affine dans le doute en affirmant son autonomie. Il ne peut pas y avoir de limites à la liberté, son usage égalitaire est toujours insuffisant. C’est un Nouveau Monde que nous faisons émerger ensemble par nos actions émancipatrices.
La croyance aveugle au monde du spectacle se désagrège ici et là, alors l’intoxication mentale perd prise sur une part croissante de la population. La critique en actions et l’émancipation naturelle peuvent alors se libérer dans un renversement de perspective de combat. Certains rebelles, cherchant à renverser la situation qu’ils subissent, occupent un espace dans des manifs qui ne sont pas les leurs, se reconnaissent et se regroupent afin d’habiter spontanément le mouvement, déborder en ne respectant pas ses règles, et le détourner de ses habitudes normalisées. Tout ce qui ne vise pas au dépassement du système capitaliste, tant en paroles qu’en actes, le renforce dans sa domination totalitaire.
La combinaison d’actions autonomes interagit et dégage une synergie de coordinations temporaires, pouvant générer un effet cocktail d’agitations favorisant l’émergence de troubles imprévus. Des effets multiplicateurs qui sont toujours plus que la somme de ses composants s’enclenchent par associations fortuites. La symbiose de complexités éclectiques au cours de fortes interactions peut avoir des effets inattendus, déclenchant des réactions en chaîne imprédictibles. L’effervescence de la révolte et le plaisir de l’émancipation sont communicatifs, et la mutinerie générale qui s’ensuit répand ses réjouissances dans ses jeux subversifs.
Le désir de changer s’émancipe en plaisir de changer ensemble. Ce recadrage qui nous décale dans l’invention d’un devenir désirable, change notre interprétation de la situation. Les règles du jeu se retrouvent modifiées par le débordement d’un détournement. Ne respectant plus les codes de la soumission, nous augmentons le nombre de choix possibles, créant ainsi de nouveaux espaces de liberté. Les croyances réductrices autoritaires se font alors submerger par des bricolages opératoires, une agitation contagieuse qui renverse les situations critiques.
Le libre contenu de la révolte cassant la normalité et désintégrant la soumission dans l’action, dans sa perspective révolutionnaire en rupture avec le vieux monde, est déjà sa forme en train de se réaliser. Seule une remise en cause globale sans équivoque peut permettre le début d’un changement effectif de nos vies, par l’appropriation du pouvoir de décision sur nos conditions d’existence et la libre auto-organisation égalitaire locale, tout en renversant la dictature marchande qui nous détruit et intoxique notre monde.
La fin de ce monde est une nécessité vitale. Quand tout semble sous contrôle, figé, réprimé, il y a toujours une part émergente non assujettie, un no man’s land imprévu où s’auto-organise un brin de vie qui s’est échappé pour ne pas disparaître. Quand la pression des pouvoirs dominants augmente, des fuites apparaissent et se propagent, des débordements dissimulés se répandent là où l’on ne les attendait pas, imprévisibles.
La révolution n’appartient à personne, sinon à tous ceux qui la font, libre de son développement en devenir, inventant les incroyances d’un Nouveau Monde en construction. Seule une intelligence situationnelle partagée, étrangère et rebelle à la paralysie toxique de l’autorité peut explorer la quintessence des dissonances dans leurs radicalités, à la racine d’un vécu partagé. Dans une cohérence collective en recherche d’osmose, il s’agit maintenant de prendre le temps de s’accorder dans un jeu de changement de perspective, au cours des disparités discordantes passagères, dans l’harmonie d’une polyrythmie commune, avec ses contretemps, ses syncopes, ses cassures enchevêtrées, ses cafouillages récréatifs créatifs.
Lukas Stella, mai 2020
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Du même auteur
ABORDAGES INFORMATIQUES, Croyances informatisées dans l’ordre des choses marchandes Éditions du Monde Libertaire et Alternative Libertaire, 2002
STRATAGÈMES DU CHANGEMENT, De l’illusion de l’invraisemblable à l’invention des possibles Éditions Libertaires, 2009
L’INVENTION DE LA CRISE, Escroquerie sur un futur en perdition Éditions L’Harmattan, 2012
INTOXICATION MENTALE, Représentation, confusion, aliénation et servitude Éditions L’Harmattan, 2018