Liu Shifu
Manifeste de 1914 : objectifs et méthodes de l’anarcho- communisme
Qu’est-ce que l’anarcho-communisme ?
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Tous les principaux éléments de production — terres, mines, usines, outils et machines, etc. — seront repris et rendus en tant que propriété commune de la société ; le droit à la propriété privée sera éradiqué, et l’argent aboli.
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Tous les éléments de production seront mis en commun et ceux qui participent à la production pourront librement s’en servir. (Par exemple, ceux qui pratiqueront l’agriculture pourront librement utiliser les terres et les outils, et n’auront pas besoin de les emprunter à un quelconque seigneur local, ni d’être employés par lui ; ceux qui travailleront dans l’industrie pourront librement utiliser les machines des usines pour produire des biens et ne seront employés par quiconque.)
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Il n’y aura plus de classes, ni capitalistes ni prolétaires. Tout le monde doit se mettre au travail. (Et tous les domaines, l’agriculture, la construction, les communications, l’éducation, la médecine, les soins de l’enfant, et tous les efforts dans lesquels l’être humain sera engagé pour vivre, cela, c’est le travail.) Chacun sachant ce qu’il ou elle peut faire, travaillera librement sans oppression et sans contraintes.
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Les produits du travail — nourriture, vêtements, logement et tout ce qui est utile — seront tous des possessions communes de la société — chacun pourra en faire un usage libre, et profiter des richesses ensemble.
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Il n’y aura de gouvernement d’aucune sorte. Centrales ou locales, toutes les organisations gouvernementales et institutions seront abolies.
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Il n’y aura ni armée, ni police, ni prison.
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Il n’y aura ni lois, ni règlements.
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Les associations publiques de toutes sortes seront organisées librement en vue de réformer toutes les branches de travail, et gérer les aspects de la production, pour que le peuple puisse avoir ce qu’il faut (Par exemple, ceux qui ont des compétences dans l’agriculture, peuvent s’unir avec leurs camarades et organiser une société d’agriculture, et ceux qui connaissent le travail dans les mines peuvent former une société de mines). Ces organisations publiques s’étageront du plus simple au plus complexe. Elles seront prises en charge par des travailleurs de chaque domaine, et il n’y aura ni leader ni patron. Ceux qui prendront ces responsabilités seront vus comme des travailleurs comme les autres et ils n’auront pas le pouvoir de diriger les autres. Dans ces associations il n’y aura aussi ni statuts ni régulations qui pourraient enfreindre les libertés.
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Le système du mariage sera aboli ; les hommes et les femmes s’uniront librement. Les enfants seront pris en charge ensemble dans des hôpitaux publics. Les fils et les filles nés recevront éducation et soins dans des garderies publiques.
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Tous les jeunes iront à l’école et recevront une éducation, de l’âge de six à l’âge de vingt ou vingt-cinq ans. Les hommes comme les femmes devront atteindre le plus haut degré d’apprentissage, selon leurs capacités.
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L’homme comme la femme se dédieront au travail après avoir terminé leur éducation, de l’âge de vingt jusqu’à quarante-cinq ou cinquante ans. Ensuite, ils prendront leur retraite dans des maisons de retraite publiques. Tous ceux qui seront malades ou auront des problèmes de santé seront examinés et soignés dans un hôpital public.
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Toutes les religions et croyances seront abolies. Quant à la morale, les gens seront libres, sans obligations ni restrictions, ce qui permettra que la morale naturelle de l’entraide se développe librement.
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Toute personne travaillera pour deux à quatre heures au plus chaque jour. Pour le reste, les gens seront libres d’étudier la science afin d’aider aux progrès de la société. Ils pourront pour leur loisir pratiquer les arts ou les arts pratiques pour développer leurs capacités physiques et mentales individuelles.
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Pour les écoles et l’éducation, nous choisirons une langue internationale adaptée afin que les langues de chaque pays soient éliminées au fur à mesure, et le lointain comme le proche, l’est comme l’ouest, n’auront aucune frontière.
Pour atteindre ces objectifs, nous nous proposons d’utiliser les méthodes suivantes.
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Utiliser journaux, livres, écoles et autres méthodes pour répandre nos idées, pour qu’une majorité comprenne notre promesse et la radicalité de nos principes, ainsi que la beauté de notre organisation sociale dans le futur, et enfin comprendre que le travail est la tâche naturelle de l’homme et l’entraide sa vertu.
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Durant cette période de diffusion des idées, tous doivent étudier les conditions particulières de temps et d’espace afin d’utiliser deux sortes de méthodes : la résistance, d’abord, comme le refus de payer les taxes et de participer au service militaire, la grève, le boycott, et actions similaires ; et deuxièmement, causer des troubles, par l’assassinat, la violence, ou autre. Ces deux méthodes de lutte contre l’autorité, qui sont aussi des méthodes d’extension de nos principes afin de déclencher le raz-de-marée révolutionnaire, le propageant de tous côtés — sont des méthodes pour accélérer et renforcer la propagation de nos idées.
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La révolution de notre grand peuple est l’aboutissement de cette propagande ; les masses déclencheront un incident, renverseront le gouvernement et les capitalistes, et reconstruiront une société digne.
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La révolution de notre grand peuple est une grande révolution mondiale. Notre parti s’unira dans tous les pays, et non simplement dans un pays à la fois. À présent, c’est la période de diffusion des idées ; tous nos camarades devraient appliquer ces méthodes de manière appropriée selon les endroits où ils sont et le pouvoir à leur disposition. Quand viendra l’opportunité, la grande révolution mondiale commencera. Elle démarrera sans doute en Europe, peut-être en France, en Allemagne, en Angleterre, en Espagne, en Italie, en Russie ou dans d’autres pays où ces idées ont déjà fait leur chemin. Un jour l’incident déclencheur aura lieu, peut-être que plusieurs pays se soulèveront ensemble, ou simplement un seul pays ; les autres pays entendront la nouvelle et répondront à leur tour. Les syndicats se mettront en grève, et les armées poseront les armes. Les gouvernements de toute l’Europe seront renversés les uns après les autres. En Amérique du Nord et du Sud, ainsi qu’en Asie, notre parti entrera en scène et se soulèvera. La vitesse de notre succès sera inimaginable. En Chine aujourd’hui, il n’y a rien de plus important que de rattraper notre retard, en consacrant nos efforts à la diffusion des idées anarchistes afin d’empêcher la possibilité que si ce jour arrive en Europe, mais qu’en Asie nous n’avons pas préparé suffisamment les conditions, cela retienne en arrière le progrès du monde.
Qu’avons-nous à craindre des gouvernements et des capitalistes assoiffés de sang ? Concernant la situation actuelle en Chine, malgré le fait que la diffusion de nos principes n’est pas aussi large qu’en Europe, si nous et nos camarades en Asie de l’est pouvons nous organiser et mettre ensemble tout notre pouvoir pendant près de vingt ans, mettant tous nos efforts dans la diffusion des idées, j’ose dire que nos idées se répandront dans toute la région. À ce moment-là, la révolution anarchiste en Europe sera encore plus difficile à imaginer. Le moment de cette grande réalisation est quelque chose que nous verrons ensemble ; ne pensez pas que c’est impossible ou utopique. Hélas, les nuages de la guerre emplissent le ciel partout en Europe, et des millions de travailleurs se préparent au sacrifice pour les riches et la noblesse. C’est là jusqu’où sont allés les gouvernements et leur véritable esprit est révélé au grand jour. Le jour où les hostilités cesseront sera aussi la jour de la proclamation de la mise à mort du gouvernement et des capitalistes. Nous jurons que les peuples d’Asie de l’est se réveilleront de leurs rêves et s’élèveront avec urgence, et nous sommes confiants dans le fait qu’ils ne s’attarderont pas dans l’obscurité.