Une réponse à Loïc Debray
Joachim Bruhn
L’antifascime comme ersatz de révolution
Ou comment la subjectivité bourgeoise réussit une dernière fois à se doter d’un masque révolutionnaire
Une réponse à Loïc Debray
Loïc Debray[1] n'est pas le premier, et ne sera sans doute pas le dernier, à succomber au charme discret de la RAF et à se proclamer l'interprète subtil d'une pratique armée qui n'a pour finalité que de faire passer dans les faits l'idéologie de la société bourgeoise, et cela deux cents ans après Saint-Just et plus d'un demi-siècle après Staline. Ce que Debray interprète comme un signe précurseur de la pratique révolutionnaire tire son pouvoir de fascination — telle est la thèse fondamentale de mes articles incriminés par lui : « Le corps, alerte rouge » et « Le sens de la vie et la politisation de la RAF » parus dans le premier numéro de Temps critiques — d'une méprise fondamentale sur l'objet à révolutionner et d'une déformation grotesque du sujet[2] qui se veut révolutionnaire. La RAF[3] — là est la méprise — tient la société capitaliste pour essentiellement fasciste ; elle s'imagine être — là est la déformation — un antifascisme révolutionnaire qui doit permettre aux droits de l'homme de l'emporter sur la conspiration capitaliste. Voilà la forme la plus extrême que peut revêtir la mécompréhension du citoyen à l'égard de son propre état social, forme où il se comprend comme l'antibourgeois par excellence. En cela, la RAF emboîte bien le pas aux jacobins qui s'illusionnaient sur la finalité sociale qui était la leur : leur aveuglement leur épargnait de regarder en face le caractère borné de leurs intérêts et leur permettait de faire triompher justement la société de l'homme-intérêt. Mais l'action de la RAF est marquée d'une non-contemporanéité ; elle agit à la manière des jacobins, mais elle vient trop tard. À partir de là, son sort est donc de recycler une dernière fois les déchets intellectuels de la bourgeoisie et de les revendre comme des produits d'une qualité toute nouvelle. Voyons comment Debray non seulement se laisse duper par cette illusion, mais en fait aussi l'apologie.
L'histoire de la RAF montre clairement qu'elle partageait l'idée des intellectuels de gauche de 68, tant haïs par ailleurs, selon laquelle l'actuel État bourgeois était essentiellement fasciste et qu'il réussissait à camoufler cette réalité derrière un rideau de manipulation et de "terreur de la consommation". L'action de la RAF devait déchirer le voile. On spéculait, on présumait que mettre à nu le visage du pouvoir provoquerait nécessairement et automatiquement l'éducation des masses et produirait une intelligence pratique du pouvoir menant à la révolution. La RAF, tout comme les autres fractions et groupuscules du mouvement contestataire, n'a jamais produit un concept matérialiste de l'idéologie : l'idéologie, ce reflet intellectuel de la structure économique-politique de la société capitaliste, lui apparaissait, comme pour les Lumières bourgeoises, être un mensonge de prêtre et, comme pour la reprise sociale-démocrate-léniniste de ces Lumières, une machination de la presse, des médias et du service de communication du parlement allemand. Pour la RAF, l'idéologie était et reste quelque chose de "non authentique", une simple apparence, et non pas ce qu'elle est, un phénomène essentiel, l'apparition de l'essence. Ainsi, la RAF n'a jamais été autre chose que le bras armé de la campagne « expropriez Springer ! » et elle l'est demeurée jusqu'à aujourd'hui. Le pouvoir, en revanche, l'appareil répressif de l'État, lui apparaissait comme le noyau de la société.
Après l'échec de l'offensive de 1971-1972 et l'arrestation des cadres fondateurs, c'en était fini de la RAF, même sur le plan théorique.[4] Ce qui l'a sauvée sur le plan politique, ce qui a fondé son mythe, ce fut justement le malheur que subirent ses cadres : en prison, ils étaient au pouvoir de l'"authentique". Étant donné leurs conditions particulières d'incarcération, les quartiers d'isolement, le projet d'éclairer les masses sur l'État qui avait jusqu'alors échoué semblait à présent réussir. Quand Loïc Debray écrit que « dévoiler la nature de l'État, c'est lui porter un coup ; en mettant au jour le vrai visage de la social-démocratie, on ne se contente pas de révéler une essence du pouvoir, on le fait apparaître à découvert pour mieux l'atteindre »,[5] il ne fait pas que reproduire le jargon qui définit la RAF comme groupe marxiste-léniniste (« dévoiler » et « révéler » constituent une « théorie de la révolution » qui ne débouche sur rien et sont la drogue de ceux qui ne savent pas quoi critiquer), il ne fait pas que répéter la thèse passablement stalinienne du social-fascisme selon laquelle la social-démocratie est le voile le plus perfide du pouvoir, il se fait aussi l'avocat d'un existentialisme fallacieux. Ce discours du « vrai visage de l'État » est idéologique — si l'on veut voir la vile grimace du pouvoir, il suffit d'étudier le code civil — mais il possède une fonction stratégique comme suit.
Quand l'État dépouille un homme de tous les droits subjectifs qu'il continue d'accorder aux citoyens et aux autres prisonniers en permission, il le réduit à un objet n'ayant que des devoirs, à un objet du droit objectif, du droit politique (Staatsrecht). Cependant, le citoyen, surtout le citoyen jacobinisant, ne comprend pas que sa constitution sociale est ambivalente, qu'il ne peut exister comme sujet de droits qu'en tant qu'il existe comme objet de devoirs. Raisonnant en anthropologue qu'il est, il prend les droits de l'homme pour la finalité de l'État, et donc le pouvoir qui les suspend pour l'injustice, le non-droit, la violence par excellence. L'isolement permet à la RAF de rendre crédible et évident un paradoxe intellectuel : c'est parce que la suspension du droit subjectif apparaît comme violence, destruction, et donc comme fascisme, que la lutte pour les droits de l'homme peut passer pour un acte révolutionnaire.
Rien ne fait plus tort à la RAF que l'affirmation de Debray selon laquelle ces « militants […] n'ont jamais voulu écrire une théorie de la révolution, même s'ils ont écrit et pensé à l'occasion de différents événements liés à leur pratique ».[6] Ces « différents événements » ne sont en fait rien d'autre que la lutte contre l'isolement, et la théorie de la révolution de la RAF qui, même avant l'arrestation des cadres historiques, n'était qu'une interprétation activiste de la théorie marxiste-léniniste du fascisme — c'est-à-dire de celle de Dimitrov[7] — existe en toutes lettres dans les écrits de prison et dans les appels pour l'application de la convention de Genève et pour le regroupement des prisonniers politiques.
Cette théorie consiste à « faire apparaître l'essence du pouvoir », le lieu de cette apparition étant le corps du militant qui subit l'isolement, et on peut dire que, dans cette perspective, l'unique lieu propice à la révolution est la prison. C'est là le lieu de cette subjectivité révolutionnaire que Debray trouve si grandiose et qui ne vise — comme Peter Brückner l'a souligné — qu'à « reconstituer de manière révolutionnaire une société bourgeoise en prison ».[8] En effet, là, en prison, l'individu ne peut agir qu'« au nom de rien »,[9] et le nom de ce néant est droits de l'homme, droit naturel. C'est parce que la prison fait abstraction du droit subjectif, que la résistance à cette abstraction effective apparaît comme lutte contre la destruction. Ainsi la RAF devint-elle l'idéologue collectif des droits de l'homme et du citoyen se méconnaissant comme révolutionnaire ; l'expérience des quartiers d'isolement n'a fait que renforcer cette méprise sur l'objet et cette déformation du sujet.
Sur le plan logique, cette méprise sur l'objet signifie le remplacement imaginaire de la société capitaliste parlementaire par le fascisme ; sur le plan idéologique, elle signifie au mieux la minimisation du national-socialisme et au pire la rechute dans le stéréotype antisémite. Cette méprise est due au concept de société telle que Debray le vénère quand il parle en terme de « crime » (p. 122), concept qui est tout au plus sociologique. Le « fascisme » n'est plus que le nom de code de l'injustice en général. Ainsi peut-on lire dans la déclaration de la grève de la faim de mai 1973 des prisonniers politiques : « Notre isolement actuel et le camp de concentration prochain — que ce soit sous l'autorité des troupes de terreur vertes ou blanches — revient à : destruction — le camp de la mort — Treblinka réformé — Buchenwald réformé — la "solution finale" ».[10] Cette façon de s'imaginer à Auschwitz fait de la théorie « RAFienne » de la révolution non seulement une affaire on ne peut plus cynique mais aussi une entreprise manifestement pédagogique : le camp de concentration apparaît comme leçon idéale et apprentissage optimal des choses de l'État. Ce qui revient à dire : celui qui ne devient pas intelligent à Auschwitz ne le sera jamais. De cette méprise résulte donc un autre point commun à la RAF et aux alternatifs qui s'ajoute à ceux que j'ai relevés et exposés dans le numéro un de Temps critiques. C'est parce que l'existentialisme de la RAF, au lieu de se fonder sur la critique de l'idéologie, se fonde sur le vitalisme (la lutte contre la "terreur de la consommation"), qu'il est rempli de stéréotypes antisémites. Cela vaudrait la peine d'analyser la façon dont la RAF, sous le drapeau de l'« antisionisme », a contribué à propager l'antisémitisme dans la gauche allemande.[11] Notons simplement que des slogans comme celui du « fascisme nazi d'Israël »[12] ne s'expliquent pas seulement par la biographie marxiste-léniniste de la première génération de la RAF. En tout cas, la soi-disant théorie RAFienne de la révolution est, considérée du point de vue de l'objet, tout autre que révolutionnaire.
La méprise sur l'objet entraîne la déformation du sujet. Ce que Debray trouve de si positif chez la RAF — « Il s'agit d'une lutte à deux, la compréhension des masses n'est pas nécessaire… (p. 123) — est bien plutôt une folie à deux et résulte en tout cas de ce que les membres de la RAF se sont abusés en croyant être des résistants à l'image d'un Stauffenberg[13] ou d'un Johann Georg Elser.[14] C'est en cela — telle est ma thèse — que consiste à la fois la dignité et la démence de la RAF : c'est parce qu'elle à reconnu que, dans la société bourgeoise, la communauté nationale fasciste est toujours en puissance et peut, le cas échéant, s'actualiser, qu'elle a méconnu l'économie politique de cette société.[15] Fascinée par l'état d'urgence, elle s'est laissée aveugler par la normalité ou plutôt s'est aveuglée sur celle-ci. « Mais qu'est-ce que les camarades attendent d'un pays qui a accepté Auschwitz sans la moindre résistance ? »[16] — voilà la situation de départ de la RAF, et le fait que l'après-coup-résistance antifasciste ait pris, dans l'esprit de la RAF, la forme d'une guérilla tiers-mondiste tient à la confusion de l'époque, mais assurément pas aux réflexions que Debray prête à la RAF. Il peut en aller pour Action Directe autrement que pour la RAF ; toujours est-il qu'on ne saurait comprendre celle-ci sans prendre en compte cette méprise qui fait que les démocrates radicaux de gauche du mouvement de 68 en rfa — on n'a qu'à lire les éditoriaux d'Ulrike Meinhof dans le mensuel konkret de l'époque — ne pouvaient agir autrement qu'en reprenant les moyens théoriques du marxisme-léninisme lequel n'est rien d'autre que « la théorie prolétarienne des révolutionnaires bourgeois ».[17]
Que peuvent apporter ces remarques si l'on considère maintenant les problèmes de la subjectivité et de la théorie de la révolution que Loïc Debray a évoqués dans sa critique ? Je résumerais cela en cinq thèses.
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La RAF se meut dans l'horizon du problème de la médiatisation de la théorie et de la pratique. Dans ce champ, la révolution est impensable, elle se saborde elle-même. Le sujet, en tant qu'il est un médiatisant, est constitutionnellement vide ; suspendu en l'air et flottant sans attache, il ne saurait trouver quelque point fixe où s'appuyer qu'en se l'imaginant à la manière existentialiste. Voilà pourquoi il n'y a pas dénonciation à concevoir la conscience de soi de la RAF dans les concepts de Carl Schmitt ou d'Ernst Jünger : c'est la conscience du « partisan » ou du « rebelle ».
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Cela est vrai : la subjectivité révolutionnaire ne doit pas « chercher à réaliser l'universel », elle doit être « un défi lancé à l'universel » (p. 123). Mais cela ne veut pas dire pour autant qu'elle ait à choisir, dans la dialectique de l'universel et du particulier, le côté du particulier ; tout au contraire, elle doit saboter cette dialectique même, en tant que celle-ci est une dialectique négative. Si, au moyen de la Critique de l'économie politique, ce problème n'est pas reconnu, la subjectivité révolutionnaire se fait l'avocat de la conscience bornée dans son immédiateté résistante, que ce soit sous la figure des soi-disant « alternatifs » ou sous la figure de l'antisémitisme qui tient des propos incendiaires contre l'abstrait. La RAF est en effet représentative des deux : avec toutes les conséquences que cela entraîne, elle est, depuis un bon moment déjà, l'aile militariste de la réforme écolo-pacifiste de la vie et elle partage la conscience völkisch de celle-ci.
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Que la subjectivité qui se veut révolutionnaire se déforme en une affirmation du sujet bourgeois, rien ne le montre plus clairement que la conception que la RAF se fait du rapport entre droit et violence. Quand on soutient, comme la RAF, une théorie réduisant l'État à un simple appareil répressif — théorie que Engels critiquait déjà dans l'Anti-Dühring — on manque l'héritage de l'anarchisme et on se transforme en apologiste des droits de l'homme, c'est-à-dire que l'on travaille à la reproduction idéologique de ce que l'on veut pourtant combattre sur le plan pratique. La défaite de la RAF, bien avant son emprisonnement, tient à ce qu'elle était devenue un appareil idéologique d'État dans la clandestinité.
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En effet, la RAF dit à juste titre que les intellectuels de gauche « préfèrent mettre en chantier une longue thèse sur Lukács plutôt que de se laisser influencer tout de suite par Blanqui » (p. 125). La RAF cependant n'a jamais critiqué Lukács mais s'est contenté de l'interpréter de manière blanquiste — en cela, ses membres sont restés, comme leurs adversaires du même bord, des intellectuels, et leur pratique reste donc une pure émanation de leur tête. La vraie question c'est de savoir comment être blanquiste dans la théorie ?
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La réponse à cette question ne peut être trouvée que si l'on quitte l'horizon du rapport théorie-pratique pour poser le problème en termes de critique et de crise. Les objections de Loïc Debray ne font que souligner combien le vieil horizon est bouché, combien il s'est rétréci. Il ne faut pas interpréter la RAF par le moyen de la théorie, il faut liquider sa politique par le moyen de la critique — si possible avant que l'État porte la main sur ces prisonniers ou que ceux-ci le fassent eux-mêmes.
La question qui se pose est donc : comment, dans la crise, agir en « adornien » ?
Notes
[1] Loïc Debray, « La haine du sujet surtout s'il est révolutionnaire ou comment ramener du nouveau à du déjà vu, du déjà fait », Temps critiques, nº 2, pp. 117-126.
[2] Dans la discussion en Allemagne, le terme de « sujet bourgeois » (bürgerliches Subjekt) n'est pas un terme de classe, mais désigne la constitution générale de l'homme dans la société capitaliste. Cet emploi date notamment d'Adorno et de sa lecture de la philosophie de Kant et de Hegel. Il peut également être rattaché à l'« homme » chez Rousseau qui a pour seule loi celle de se conserver. C'est l'homme-monade, l'homme atomisé, l'homme-intérêt ou encore l'homme sujet échangiste et sujet de droit. [NdT].
[3] R.A.F. : "Faction Armée Rouge". [NdT].
[4] Voir Emile Marenssin, « De la préhistoire à l'histoire », dans La Bande à Baader ou la violence révolutionnaire, Paris, Champ libre, 1972.
[5] Loïc Debray, ibid., p. 119 sq.
[6] Id., ibid., p. 124 sq.
[7] Voir le chapitre « Surmonter la peur du fascisme pour détruire ses racines », Collectif RAF, « Sur la lutte armée en Europe occidentale » (1971), dans Emile Marenssin, ibid.
[8] Voir Peter Brückner/Barbara Sichtermann, „Die Verknastung der sozialen Welt. Versuche über die RAF", dans Peter Brückner, Uber die Gewalt. Sechs Aufsätze zur Rolle der Gewalt in der Entstehung und Zerstörung sozialer Systeme, Berlin, Wagenbach, 1979, p. 104.
[9] Loïc Debray, ibid., p. 124.
[10] Cit. ap. Brückner/Sichtennann, ibid., p. 98
[11] En Allemagne, l'acception du terme de « gauche » est plus vaste qu'en France et peut aller de la social-démocratie jusqu'à la RAF, en passant par les Verts, les gauchistes et les autonomes. [NdT].
[12] Rote Armee Fraktion, „Die Aktion des Schwarzen September in München. Zur Strategie des antiimperialistischen Kampfes (1972)", dans Ausgewählte Dokumente zur Zeitgeschichte. Bundesrepublik Deutschland (brd)/Rote Armee Fraktion (RAF), Köln, GNN, 1987, p. 34.
[13] Claus Schenk von Stauffenberg, chef d'état-major de l'armée allemande depuis juillet 1944, déposa une bombe au Q.G. du chef allemand à Rastenburg, le signal du putsch militaire du 20 juillet 1944. La bombe manqua sa cible, la résistance échoua. [NdT].
[14] Charpentier de Tübingen, il appartient jusqu'en 1933 au Rotfrontkämpferbund communiste ; il organise en 1938 un attentat à l'explosif contre le chef allemand à l'occasion des festivités anniversaires en l'honneur des fascistes tombés lors de leur putsch de 1923. [NdT].
[15] Voir Ulrich Enderwitz, Die Republik frißt ihre Kinder. Hochschulreform und Studentenbewegung in der Bundesrepublik Deutschland, Berlin, DiA, 1986.
[16] Rote Armee Fraktion, « Stadtguerrilla und Klassenkampf », dans BRD/RAF, ibid., p. 21.
[17] Voir Wolfgang Zimmermann, „Die proletarische Theorie der bürgerlichen Revolutionäre als revolutionäre bürgerliche Theorie des Proletariats, oder : Die neuen Ritter von der traurigen Gestalt", Politikon. Göttinger Studentenzeitschrift, nº 43, 1974.