Andrew Flood
S’organiser contre le capitalisme
Ces dernière années j’ai participé à plusieurs forums de discussion sur l’effondrement de la gauche, les changements dans le capitalisme et la nécessité d’une nouvelle opposition. Tous n’étaient pas exclusivement anarchiste, par exemple j’ai assisté à la « Rencontre intercontinentale pour l’humanité et contre le néolibéralisme » organisé par les zapatistes au Chiapas durant l’été 1996, mais la plus part était le fait d’anarchistes en Angleterre ou en Irlande. Un de leur trait commun est la reconnaissance que tout a changé dans la dernière décennie, que plusieurs des réponses d’hier sont aujourd’hui discréditées et qu’il est nécessaire de construire un nouveau mouvement. De tels débats ne peuvent pas rester à un niveau théorique, il faut commencer à mettre ces idées en pratique en construisant un nouveau mouvement anticapitaliste.
Il y a sept ans, la chute du mur de Berlin a menée à la fin définitive de la période de l’histoire qui avait commencée avec la révolution russe en 1917. Depuis les années ’50 on l’appelait la guerre froide. Pour les supporters du statu quo occidental la fin de cette période était le signal de la fin de l’histoire. Pas dans le sens que rien d’intéressant n’arriverait plus jamais mais dans le sens ou le modèle le plus parfait de société avait été trouvé et testé : les « démocraties occidentales ». Il n’était maintenant plus que question de laisser le temps au reste du monde de nous rattraper. Le futur était rose, puisse que les « dividendes de la paix », avec les nouveaux marchés et la capacité productive de l’Europe de l’Est, inaugureraient une nouvelle ère de prospérité.
Il y a cinq ans, les dividendes de la paix se sont écroulés avec la « guerre » contre l’Irak. Une guerre qui n’était rien de plus qu’un spectacle de lumières hightech pour les téléspectateurs occidentaux mais qui, pour les irakiens, a signifié la perte de 200 000 proches et amis. En parallèle, une guerre civile se préparait en Yougoslavie et les économies d’Europe de l’Est s’effondraient provoquant une grande pauvreté, des guerres civiles et — particulièrement pour les personnes âgés — une chute dramatique de l’espérance de vie. On nous assurait que le « nouvel ordre mondial » qui était en train de naître allait bientôt introduire une prospérité globale mais qu’il fallait d’abord se serrer la ceinture et éliminer les « nouveaux Hitler ». Ce qui, bien sur, nécessite le maintient de puissantes armées !
Il y a trois ans, ce « nouvel ordre mondial » rencontrait sa première vraie résistance quand une rébellion a éclaté dans un de ses modèles d’amélioration et de modernisation. Le Mexique était un « modèle » de la façon dont les pays en voie de développement, qui commençaient à passer d’une économie étatisée à une économie de libre marché pouvaient eux aussi atteindre la « fin de l’histoire » et se joindre aux pays « développés ». L’insurrection zapatiste a balayé cet écran de fumée pour révéler une fin de l’histoire qui excluait la majorité de la population du Mexique. Depuis, la période c’est parsemée d’exemples du capitalisme non seulement échouant à satisfaire les besoins des gens mais aussi, ce qui est encore plus important, de gens le reconnaissant et s’organisant massivement contre cela. Cette résistance c’est étendue aux pays occidentaux même, eux qui étaient supposé avoir dépassé le stade où la population a besoin de prendre la rue pour s’opposer à l’État. L’histoire, a-t-on appris, n’est pas encore terminée.
Mort et enterré
Le socialisme d’État, en tant qu’alternative attirante, est mort pour tout le monde, ce qui est une vérité bienvenue. La nécessité d’une alternative au capitalisme continue d’être forte. Les supporters du socialisme d’État ne sont plus que les cadres de quelques groupes léninistes, les « nouveaux » sociaux-démocrates indistinguables des conservateurs et le dinosaure occasionnel dont le cerveau n’a pas encore compris qu’il y a une différence entre lancer des slogans sur le « socialisme par en bas » et s’organiser dans les faits d’une telle manière. La fin de ces organisations, qui servaient principalement de barrières à l’auto-organisation des travailleurs, est bienvenue, mais il y a un prix à payer. La faiblesse des idées libertaires en Angleterre et en Irlande signifie que, dans l’esprit de beaucoup de militants, la possibilité d’une alternative au capitalisme est morte avec ces fausses « alternatives ». Ce n’est pas incurable mais le message que d’autres alternatives au capitalisme que les (non-)alternatives étatiques d’autrefois existent devra être largement répandu.
Un autre héritage de la domination de la gauche autoritaire est que nous sommes pris avec une tradition de lutte de la classe ouvrière presqu’immédiatement liée à une organisation politique en particulier. Les luttes sur le lieu de travail, par exemple, passent par la structure organisationnelle des syndicats mais la gauche, au lieu d’encourager une auto-activité dans la lutte économique et l’extension de cette auto-activité dans l’arène politique, a cherché à lier les syndicats au parti travailliste. Ce n’est bien sur qu’un reflet de la stratégie de la gauche au niveau économique qui, au lieu d’encourager les travailleurs à prendre le contrôle direct de leur luttes, a dirigé leur attention vers l’élection de bureaucrates de gauche pour diriger les syndicats « en leur nom ».
Ce scénario s’étend aussi en dehors du lieu de travail, en Angleterre ces dernières années nous avons vu une lutte parfois obscène entre différents groupes de gauche pour savoir qui contrôlerait le militantisme de la classe ouvrière contre le fascisme et le racisme. Combien de campagne ont été mises sur pied prétendant être indépendantes mais qui étaient de façon évidente contrôlées par une organisation ? Même là où un travail conjoint avait lieu, de grande quantités d’énergies pouvaient être gaspiller dans des tentatives pour contrôler les structures de prises de décisions. Plusieurs militants se sont démoralisés et ensuite épuisés dans ces chamailleries bureaucratiques.
Le parti et la classe
Ce scénario arrive parce que la chose clé pour la gauche autoritaire était la force relative de leur organisation et pas le niveau d’auto-activité de la classe ni même la force de la classe. Les défaites historiques et contemporaines de la classe ouvrière étaient analysées comme étant du à l’absence d’une avant-garde assez forte et équipée des bons slogans, plutôt qu’étant du à la faiblesse de l’auto-organisation et à la dépendance de la classe envers une direction minoritaire. Un excellent exemple récent de cette logique fut fournit par Tony Cliff, le leader d’un des groupes léninistes survivant, le Socialist Workers Party d’Angleterre (le SWP). En 1993, des manifestations de masse eurent lieu partout en Angleterre dans le but d’empêcher les conservateurs de fermer les dernières mines de charbon. Ces manifestations toutefois sont restée sous le ferme contrôle des bureaucrates syndicaux et des députés travaillistes, les travailleurs ne jouant que le rôle de pions qu’on déplace sur un échiquier politique.
Pour le SWP cependant, la faiblesse de ce mouvement était qu’il n’avait pas assez de membres pour le contrôler. Comme Tony Cliff, l’a dis à ce moment là « si on avait eu 15 000 membres dans le SWP et 30 000 supporters, la manifestation des mineurs du 21 octobre aurait pu être différente. Plutôt que de marcher autour de Hyde Park, les socialistes auraient amené 40 où 50 000 personnes au Parlement. Si cela serait arrivé, les députés conservateurs n’auraient pas osé voter avec Michael Heseltine. Le gouvernement serait tombé».
Cette sorte de logique, qui ne peux voir la force des luttes de la classe ouvrière qu’en terme de la force du parti, est précisément la même logique qui fait qu’années après années les léninistes continuent de défendre des politiques qu’ils savent être pourries. C’est ce qui a empêcher l’éclatement des Parti communistes partout dans le monde quand les tanks russes roulaient sur la classe ouvrière de Hongrie en 1956 et de Tchécoslovaquie en 1968. Pour reculer encore plus dans le temps, c’est ce qui a fait que l’Opposition Ouvrière, qui en 1921 était en train de se faire purger du Parti bolchevique, fut au premier rang pour attaquer l’insurrection de Kronstadt. Cela malgré le fait que les marins qu’ils étaient en train de massacrer avaient un programme qui avait beaucoup plus en commun avec leur plate-forme que celui de Lénine et Trotsky qui dirigeaient les massacres !
C’est ce qui s’appelle mettre le parti d’abord, si bien décris par Trotsky en 1921 quand en parlant de l’Opposition Ouvrière il déclarait « Ils sont sorti avec des slogans dangereux. Ils ont fait un fétiche des principes démocratiques. Ils ont placé le droit des ouvriers d’élire des représentants au dessus du parti. Comme si le parti n’était pas autorisé à affirmer sa dictature même si cette dictature entre temporairement en conflit avec la mode passagère de la démocratie ouvrière!».
C’est la logique derrière des décennies de sabotage des luttes de la classe ouvrières par les léninistes, justifiées par le recrutements de quelques personnes de plus pour le parti. C’est aussi pourquoi gagner des positions de pouvoir est si central à la doctrine léniniste, pour que par ces positions ils puissent contrôler des luttes — même si ils perdent de la popularité avec celles-ci.
Avec l’attraction du « socialisme réellement existant » ou des « États ouvriers dégénérés » consigné aux poubelles de l’histoire, plusieurs léninistes ont reconsidérés leur position et abandonné le léninisme. En effet, il semble que partout des groupes de discutions composés d’ex-membres d’organisations léninistes ou social-démocrates se sont formés essayant d’esquisser une nouvelle gauche. Jusqu’à maintenant ces initiatives ont tendance à tourner en rond ou à partiellement réinventer la roue. Peu d’entre eux semblent avoir considéré sérieusement l’anarchisme comme ayant déjà répondu, au moins en partie, à plusieurs des « nouvelles » questions avec lesquelles ils se creusent la tête. Quelque fois c’est parce qu’ils ont jugé l’anarchisme sur le pauvre état du mouvement local, mais d’habitude c’est à cause d’une combinaison de peur de rompre avec la dernière idole, Marx, jumelée à une incapacité de comprendre que le but organisationnel des groupes anarchistes est complètement différent de ce avec quoi ils sont familier. Si vous êtes habitué à une pratique organisationnelle qui recherche constamment à contrôler tout alors la méthode anarchiste peut sembler pire qu’inutile.
Les organisations anarchistes n’existent pas pour obtenir des positions de directions dans les organisations de la classe ouvrière mais pour acquérir une influence pour les idées anarchistes. De ce point de vue il n’y a absolument pas de buts à être loyal avec une organisation avec laquelle vous n’êtes pas d’accord. L’organisation anarchiste ne devrait ni chercher a absorber l’ensemble de la classe sous sa direction, ni a simplement devenir la classe en recrutant chaque travailleurs peut importe sa compréhension de l’anarchisme. Nos organisations doivent plutôt être un noyau pour les idées et les groupes anarchistes qui sera actif dans toutes les luttes de notre classe et donc amènera ces idées dans et entre ces luttes. Notre but ne devrait pas être la création d’une seule grande organisation anarchiste avec laquelle toutes les luttes de notre classe seraient menées mais plutôt d’aider à la croissance d’une tradition d’organisation de la classe ouvrière qui serait basée sur la démocratie directe et serait indépendante de toute organisation politique.
Le rôle de l’organisation anarchiste n’est pas de compétitionner dans la course de rats destructive pour le contrôle des organisations de la classe ouvrière mais plutôt de chercher à miner la course de rat elle-même en créant une tradition alternative d’auto-organisation des luttes. Une telle tradition ne peut être bâtie ni en tentant de guider les luttes à l’intérieur d’organisations anarchistes (la tradition classique de l’anarcho-syndicalisme), ni en se retirant des luttes larges pour créer des groupes étroits dominés par des anarchistes opérants à la marges des luttes. Les anarchistes doivent être partout où les travailleurs entrent en lutte, tentant d’influencer la direction et la stratégie organisationnelle de ces luttes vers l’auto-organisation. En pratique ça veut dire que les organisations anarchistes doivent encourager leur membres à se joindre et à devenir actif dans les organisations de lutte de la classe ouvrière comme les syndicats et les groupes populaires malgré le fait que nous pouvons ne rien partager de commun avec la direction de ces organisations.
La lutte continue
Dans les dernières années une foule de mouvements de base ont démontrés non seulement que la lutte de classe est très vivante mais, sur des luttes spécifiques au moins, que le capitalisme peut être battu. Même en Irlande, la lutte contre les Water charges montre la continuité du pouvoir des gens ordinaires. La grève générale française contre le néolibéralisme de décembre 1995 montre le potentiel de ces luttes de développer une vision alternative de la société. 1996 a vu des grèves et des manifestations de masse au Canada, en Allemagne et dans des parties de l’Australie ou les manifestants ont même attaqué l’édifice du Parlement. De tels mouvements sont limités à des mouvements de contestation contre des aspects du capitalisme, mais ils offrent aussi une stratégie très positive puisqu’ils sont basé sur l’action directe ce qui les amène fréquemment en dehors des limites étroites de la contestation permises sous le capitalisme.
Pourtant, ce ne fut que la France qui démontra le potentiel de croissance de l’anarchisme dans de telles luttes. Dans les lendemains des grèves de décembre tous les groupes anarchistes français ont rapporté une hausse marquée d’intérêt pour l’anarchisme et l’anarcho-syndicaliste CNT-f est passée d’à peine plus de 1000 membres à plus de 6000 à la fin de l’été 1996. La France est aussi l’endroit ou la lutte passe de la défensive à l’offensive, la grève des routiers qui a bloqué le pays en novembre 1996 demandait une baisse de l’age de retraite et une réduction de la semaine de travail. Les contacts avec les anarchistes français depuis décembre 1995 ont indiqués qu’un nouvel état d’esprit pénètre le mouvement ouvrier là bas, de grand nombre de gens parlent de différentes façons d’organiser la société.
En Angleterre et en Irlande cependant, alors que les anarchistes ont continué de jouer un rôle majeur dans les luttes locales durant les années ’90, ils ont complètement échoués à sortir du petit cercle de militants avec lesquels ils sont en relation. Ce qui est plus dérangeants dans plusieurs cas c’est le manque d’intérêt et de discussions pour le faire. Plutôt que de chercher des façons de gagner un plus grand nombre de gens à l’anarchisme, plusieurs groupes sont soit satisfait de fournir un service aux luttes locales soit de fournir des commentaires pour la gauche en général sur comment de telle luttes sont (ou ne sont pas) bonnes, mauvaises ou indifférentes.
En terme d’organisations nationales, de celles qui existaient en 1990 en Angleterre et en Irlande (WSM, Organise!, ACF, Sol-Fed/DAM, Class War) aucune n’a grandi de façon significative même si nous pouvons noter l’addition de la SFA, et l’autodestruction de l’AWG (et depuis la publication de cet article l’auto-dissolution de Class War, NDLT). Des excuses peuvent bien sur être fournies, certaines sont bonnes, d’autres indifférentes mais dans un sens général l’échec complet de n’importe laquelle de ses organisations à gagner un nombre significatif de nouvelles personnes à l’anarchisme, malgré à la fois le potentiel en terme de lutte et la démissions des alternatives doit vouloir dire quelque chose. Le fait que la même expérience se vie aux USA, en Australie et en Nouvelle Zélande souligne que quelque chose, quelque part est vraiment pas correct. La question c’est : quoi ?
Où s’en va-t-on ?
Cette échec dans une période qui voit les thèses de l’anarchisme confirmées sous plusieurs aspects devrait faire réfléchir les anarchistes. Est-ce que ça reflète un échec fondamental dans l’anarchisme, peut-être une inhabilité à dealer avec les conditions du monde moderne ? Ou est-ce quelque chose qui a à voir avec la façon dont nous nous sommes organisé ces dernières années ? Si nous sommes sérieux quand on parle de changement révolutionnaire et que nous ne voulons pas n’être qu’un mouvement de contestation permanent, nous devons confronter ces questions de front. La réponse facile bien sur est de blâmer tout cela sur les circonstances internationales dans lesquelles nous nous trouvons, le virage général vers la droite qui traverse l’ensemble de la société.
D’après cette perspective, l’échec du mouvement anarchiste organisé à grandir dans la période post-guerre froide est dû au manque d’opportunités. Les circonstances, qui incluent l’effondrement du « socialisme » de style soviétique et le boost que ça a donné au capitalisme signifie que très peu de gens croient qu’il peut y avoir une alternative au capitalisme. De ce point de vue il y a peu de choses que les anarchistes peuvent faire excepter attendre que les travailleurs entrent massivement en lutte et redécouvrent le besoin d’une alternative au capitalisme.
Pourtant, dans les termes de l’anarchisme, une stratégie d’attendre pour que « les travailleurs » entrent dans une période prolongée de lutte avant d’espérer que de grands nombres deviennent anarchistes est profondément imparfaite. Le niveau de lutte lui-même provoque les choses puisque le capitalisme, plutôt que d’attendre que le mouvement révolutionnaire ait rassemblé ses forces, précipitera la révolution en attaquant le premier. C’est ce qui est arrivé en Espagne en 1936 quand la majorité des capitalistes ont opté pour un coup d’État militaire plutôt que de permettre aux anarchistes de continuer à gagner en nombre et en influence. Durant la révolution espagnole plusieurs anarchistes expliquaient leur échec à compléter la révolution sur la base pas si déraisonnable que ça que les anarchistes, étant une minorité, ne pouvaient pas faire la révolution de peur de créer une « dictature anarchiste ». Si la majorité d’une organisation d’anarcho-syndicalistes de plus d’un millions de membres peut se sentir si mal préparée après quelques décennies d’existence en tant qu’organisation de masse, la suggestion que l’on peut se permettre d’attendre la prochaine vague révolutionnaire avant de croître n’est peut-être pas la plus sage des stratégies.
Plusieurs de ceux qui étaient au premier rang de la lutte en Espagne étaient conscients de ce problème, même dans la place forte anarchiste de Barcelone lors du déclenchement de la révolution. Ils étaient au courant que le moment de la révolution est forcé par les événements et arrive toujours prématurément pour les révolutionnaires plutôt que d’être quelque chose qu’on peut retenir jusqu’à ce qu’on soit prêt.
« Il y avait un désordre total. Nous avons formé une commission et ensuite toutes les armes furent distribuées seulement aux organisations révolutionnaires... 10 000 fusils, d’après mes calculs et aussi quelques mitraillettes furent pris. C’était le moment où le peuple de Barcelone fut armé ; c’est le moment en conséquence où le pouvoir est tombé dans les mains des masses. Nous, de la CNT, n’étions pas là pour faire la révolution mais pour nous défendre nous-mêmes, pour défendre la classe ouvrière. Pour faire la révolution sociale, nous avions besoin d’avoir l’ensemble du prolétariat d’Espagne derrière elle, cela prendrait un autre dix ans... Mais ce n’était pas nous qui choisissions le moment ; il nous fut présenté de force par les militaires qui faisaient la révolution, qui voulaient en finir avec la CNT une fois pour toutes... »
C’est une des questions clés à laquelle les anarchistes doivent s’attaquer suite à la révolution espagnole, puisque ça devrait être clair que, loin d’être une combinaison de circonstances exceptionnelles, l’environnement dans lequel la révolution a pris place est typique de l’environnement dans lequel toutes les révolutions ont eu lieu. Contrairement aux léninistes, nous ne pouvons pas mettre de l’avant une stratégie où une petite minorité de militants, préparé avec les idées correctes avant les troubles révolutionnaires, peuvent ensuite manoeuvrer pour prendre la direction de la révolution. Pour qu’une révolution anarchiste réussissent ça requiert non seulement un grand nombre d’anarchistes conscients mais aussi une confiance massive au sein de la classe ouvrière dans sa capacité d’immédiatement prendre en main l’opération des lieux de travail du niveau local au niveau global. Un telle confiance peut seulement venir de l’expérience d’autogestion des luttes dans les années avant la révolution. Ici et maintenant les anarchistes ne peuvent se contenter d’exister dans des groupes isolés de propagande ou d’action directe mais doivent chercher des façons d’attirer des couches de plus en plus larges de la société.
Jouer un jeu d’attente
Nous pourrions espérer des périodes révolutionnaires qui durent des décennies mais historiquement de telles périodes sont beaucoup plus courtes et les révolutions commencent quand les révolutionnaires sont une petite minorité. Il semble plus raisonnable de perdre notre complaisance d’être les « gardiens de la foi » aujourd’hui tout en attendant des mobilisations de masse et plutôt chercher des façons de gagner au moins une minorité militante significative dans la période avant la prochaine situation révolutionnaire. Parce que quand ça arrivera nous aurons besoin du nombre et de la confiance pour s’assurer qu’elle ne s’arrête pas à renverser le capitalisme mais s’attaque aussi à défaire la gauche autoritaire qui argumentera pour un nouvel État.
Ce qui veut dire s’organiser aux côtés de notre classe dans l’ici et le maintenant, malgré toutes les différences que nous pouvons avoir avec la façon dont les syndicats et les groupes populaires sont structurés. Notre rôle dans les syndicats et les organisations communautaires doit être de faire pénétrer en leur sein les idées anarchistes et de gagner une audience pour ces idées en étant les meilleurs militants. Il faut prouver que les méthodes anarchistes marchent dans la vie de tous les jours des gens. Nous ne pouvons pas gagner cette audience en critiquant de l’extérieur les défauts des structures et en refusant de nous impliquer tant que ces défauts ne sont pas spontanément corrigés. La tradition autoritaire d’organisation ne sera pas changée par un petit nombre de militants critiquant de l’extérieur. Elle sera plutôt érodée avec le temps si les anarchistes entrent dans les luttes et argumentent pour des méthodes différentes d’organisations quand les opportunités se font jour.
Il est utile de considérer pourquoi il semble nécessaire de faire ces arguments alors qu’ils devraient être évidents. Pour commencer à répondre à cette question il est utile d’examiner les forces qui ont crées le mouvement anarchistes dans le monde anglophone.
L’anarchisme a réémergé dans les pays anglophones dans la période post-deuxième guerre mondiale en deux formes, une était une sorte de démocratie radicale libérale qui payait un tribut verbal au mouvement historique ou au mouvement dans d’autres pays mais qui n’a jamais vraiment eu quelque chose à voir avec l’anarchisme. Essentiellement elle combinait un souhait utopique d’un monde meilleur avec un rejet de n’importe laquelle et toutes les méthodes nécessaire pour atteindre un tel monde. Il s’agissait d’une minorité de ceux qui se disaient anarchistes mais ce groupe recevait le gros de l’attention des médias parce qu’il incluait un nombre d’intellectuels connus.
Deuxièmement, il y avait des groupes formés de militants qui étaient inspirés par l’anarchisme en tant qu’idéologie combative qui semblait éviter les pièges du léninisme. L’étiquette « anarchiste lutte de classiste » est quelque fois utilisée pour distinguer ce second groupe des libéraux d’en haut. Mais parce que ces groupes étaient une petite minorité dans une gauche social-démocrate ou léniniste beaucoup plus large, ils en sont venu à s’adapter presque complètement autour des causes et des pratiques de cette gauche. Ils avaient tendance à se définir non pas positivement mais négativement, contre certains aspects de la gauche existante, et donc ils allaient :
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chercher à bâtir de « vrais syndicats révolutionnaires » plutôt que des syndicats sociaux démocrates
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écrire un journal drôle et agressif plutôt qu’un journal ennuyant et plaintif
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exposer les pratiques autoritaires de la gauche
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ne pas ennuyer les gens en parlant de politique mais plutôt « faire des trucs »
La culture de la guerre froide
C’est une partie de l’héritage culturel de la guerre froide pour les anarchistes, une attitude où l’on paye un tribut verbal à l’idée d’organisations de masse nationales et internationales mais où très peu d’énergie et d’enthousiasme vont dans leur construction. Un autre héritage est que plusieurs anarchistes sont passé au travers des usines destructives des politiques léninistes et sont nerveux à propos de confronter sérieusement les questions organisationnelles au cas où cela seraient vu comme un « léninisme latent ».
Cette culture a aussi émergée en partie comme une réaction, souvent par d’ex-membres, aux pratiques manipulatrices et à l’organisation interne autoritaire de la gauche en général. Cela a aussi comme résultat une tendance à reculer devant tout ce qui pouvait être connecté de près ou de loin à du recrutement, répandre des idées (ventes de journaux/meeting public) ou essayer de promouvoir une stratégie pour une lutte en particulier (à l’opposé de critiquer quelqu’un d’autre).
Cette culture ne fut jamais utile mais est entièrement inutile pour les anarchistes aujourd’hui dans une situation ou il y a un nombre de plus en plus petit d’organisations de gauche autoritaire à dénoncer ou avec lesquels on pourrait être mélangé. Il y a un très sérieux besoin de se débarrasser de plusieurs des préjugés et des traditions développées dans les longues années sous le léninisme et d’initier à la place un mouvement positif, ouvert, organisé et dynamique. Nous ne pouvons plus nous satisfaire d’être une opposition « pure », nous devons commencer à bouger vers une position où les idées anarchistes mèneront des luttes plutôt que d’expliquer simplement pourquoi elles échouent ou seront dans le futur vendues.
En Angleterre on pourrait dire que « bien sur les organisations nationales n’ont pas grandies mais localement, il y a beaucoup plus d’anarchistes autour et impliqués dans des trucs». C’est peut-être vrai mais alors que ces groupes peuvent être utile pour aider des luttes locales, ils sont très limités pour bâtir un mouvement anticapitaliste plus large. Là où on en parle les groupes locaux tendent à répéter à une échelle locale les problèmes des organisations « nationales » (j’en parle plus loin). Cela amène cependant une deuxième question, pourquoi tant d’anarchistes, autrement actifs, rejettent non seulement les organisations nationales existantes, mais semble-t-il les organisations au niveau national en tant que tel ?
Un large partie de cela doit être l’expérience des organisations nationales qui a été dans la plus part des cas négative. Il y a une claire tendance pour les organisations nationales dans plusieurs pays à n’être pas vraiment plus que des groupes de propagande qui critiquent mais qu’on ne voit pas souvent faire quelque chose, alors que les groupes locaux sont le centre d’activité mais réussissent rarement à développer des stratégies pour promouvoir l’anarchisme. Et donc, alors que les organisations nationales sont associés à des querelles sectaires, au moins les organisations locales sont vue comme faisant quelque chose, même si ce « quelque chose » n’est pas particulièrement cohérent. Cette division est désastreuse car elle sépare la théorie et l’action en deux sphères séparées et communément en deux groupes de gens séparé et se suspectant mutuellement. Il est impossible de bâtir un mouvement sur cette base et tant que des organisations capables de mettre ensemble théorie et action n’émergeront pas, de tels groupes existant seront condamné à un manque de pertinence continu.
Faire l’amour pas la guerre
Ce conflit est aussi évitable. Même qu’il y a un besoin clair et pressant pour des organisations nationales (et internationales) cohérentes, ceci n’empêche aucunement les anarchistes de se mettre ensemble sur une base géographique pour travailler sur des projets communs. En fait, une coopération locale entre des organisations ayant des différences politiques semble être essentielle pour prévenir et surmonter le sectarisme. Il y a plusieurs projets qui ont besoin de ressources considérables mais qui n’ont pas besoin de plus qu’un minimum d’entente politique, par exemple l’ouverture et l’administration de centres et de librairies, qui de toutes évidence vont bénéficier d’une telle coopération et même, dans des zones où l’anarchisme est faible, ne pourrait pas avoir lieu sans cela. De la même façon, une activité conjointe autour de campagnes est généralement possible et rend l’apport anarchiste beaucoup plus fort. La tenue de rassemblement régionaux d’anarchistes ne peut qu’aider à la circulation de l’information.
L’expérience de presque tout le monde de sa première rencontre avec la gauche est de trouver les divisions et les querelles sans-fin frustrantes et surprenantes. « Pourquoi tout le monde ne peuvent-ils pas simplement se mettre ensemble et être plus efficace » est un appel commun des nouveaux venus. Avec le temps on comprend que plusieurs des différences sont en fait importantes et en effet de la perspective des organisations avant-gardistes c’est une partie centrale de leurs politiques de voir des organisations similaires comme le plus gros problème parce qu’elles sont de « faux prophètes». Les anarchistes ont eux aussi été influencés par cette pratique mais elle n’a absolument pas de sens pour nous. Là où nous ne sommes pas d’accord, nous ne compétitionnons que sur le terrain des idées, nous ne compétitionnons pas pour des positions de leadership dans les organisations de la classe ouvrière. Et donc adopter l’attitude sectaire que les avant-gardistes ont les uns avec les autres est suicidaire et doit être surmontée. Aussi longtemps que les groupes anarchistes seront dans les marges de la société ce type de comportement à pas mal de chances de continuer. C’est à la fois un produit de et une cause d’être dans la marge. Mais un changement révolutionnaire requiert que nous allions au centre de la société.
Les organisations anarchistes doivent devenir un centre pour la lutte dans la société d’aujourd’hui. De cette façon, même si c’est peut-être impossible de gagner une majorité de travailleurs, il faudrait qu’une très large minorité ait soit travaillé avec des anarchistes, soit dans une organisation anarchiste et donc qu’une large minorité ait une expérience de la pratique libertaire et savent que ça peut marcher. L’organisation doit non seulement prêcher pour la nécessité de la révolution sociale mais aussi organiser maintenant le combat contre l’oppression quotidienne du capitalisme.
Ceci implique une organisation pas mal différente de toutes celles qui existent présentement. L’avantage de la méthode syndicaliste révolutionnaire est que, là ou elle peut être appliquée, son résultat est une organisation vraiment basée sur la lutte au jour le jour dans le lieu de travail ou, à un stade plus avancé, dans la communauté. Si les limitations de l’anarcho-syndicalisme nous l’ont fait rejeter en tant qu’outil organisationnel adéquat, cela ne devrait pas nous empêcher de reconnaître sa force qui est sa capacité de créer d’authentiques organisations de masse et à la base.
Arrêtons et pensons
Arrêtons-nous un moment et considérons de quel niveau d’organisation nous parlons. Nous voulons dire non seulement des militants dans chaque rue et dans chaque lieu de travail mais aussi des centre sociaux dans chaque quartiers, des hebdomadaires et même des quotidiens avec un tirage dans les dizaines ou les centaines de milles, des stations de radios... Et tout cela d’une force suffisante pour résister à l’oppression de l’État qui viendra avant la révolution. Il devra y avoir des militants connu et auquel on fait confiance dans toutes les luttes au sein de la classe.
Quel est le rôle de nos organisations à la place d’être des clubs sociaux et de discussion ? Ce rôle doit être de devenir un « leadership des idées » à l’intérieur des luttes et des organisations de la classe ouvrière. C’est à dire pour l’organisation de gagner une crédibilité et une acceptation de façon à ce que quand elle parle les gens écoutent et considèrent sérieusement ce qu’elle a à dire. En ce moment, des individus en particulier à l’intérieur d’un groupe arrivent parfois à faire cela à un niveau individuel en devenant connu en tant que « bonne tête » avec lequel ça vaut la peine de discuter d’une nouvelle situation dans une lutte. Cela peut donner une certaine influence locale à cet individu mais ça ne donne pas une influence plus large à l’organisation et n’amène pas les gens à réaliser que c’est l’anarchisme en tant qu’ensemble d’idées qui vaut la peine d’être examiné en tant que motivation pour cette « bonne tête ».
Si l’organisation espère influencer les luttes et les idées dans la classe, elle doit parler d’une voix commune. Cette idée fut mise de l’avant dans la Plate-forme d’Organisation de l’Union Générale des Anarchistes (projet) (il s’agit de la plate-forme dite d’Arshinov, NDLR) comme le besoin d’« unité tactique et théorique».
Parce que c’est difficile de parler d’un leadership des idées à cause de la connexion négative que font la plus part des anarchistes entre le mot « leadership » et les politiques autoritaires, je veux expliquer le terme et ensuite présenter un exemple concret de ce que ça veux dire en pratique.
La politique bourgeoise est basée autour du concept de « leadership de position ». Ça veut dire que vous obtenez une position particulière et, parce que vous êtes dans cette position, vous pouvez ensuite mettre en pratique vos idées. La position peut être celle d’un politicien ou d’un bureaucrate syndical mais l’idée de base reste la même, la position vous donne du pouvoir sur les gens. En fait, une fois que vous êtes au pouvoir, vous n’avez même plus besoin de vous occuper de ceux que vous prétendez représenter. Il n’est pas inhabituel pour ce type de leader de prétendre avoir une sorte de compréhension spéciale que n’aurait pas les gens qu’il représente parce que ceux-ci n’auraient pas le temps ou l’information nécessaire pour former leur jugement. De toute évidence les anarchistes rejettent complètement ce type de leadership.
Cependant les léninistes confondent délibérément cette forme de leadership avec une seconde forme, celle du « leadership des idées », sous le terme général « leadership ». Plusieurs anarchistes font l’erreur d’accepter cette confusion délibérée et donc finissent par rejeter ou se sentir inconfortable avec l’idée de devenir un « leadership d’idées ». C’est une source de confusion, pas seulement en politique, mais aussi sur des questions plus générale comme le rôle des spécialistes sur le lieu de travail (e.g. chirurgiens, architectes, etc...).
Ce que le leadership des idées signifie ce n’est pas que l’organisation tient une quelconque position spéciale mais plutôt quelle s’est bâtie une réputation « d’avoir raison » ou « d’être sensée » de façon à ce que les gens soient inclinés à prendre ces conseils sérieusement et à agir dessus. Son pouvoir vient uniquement de sa capacité de convaincre les gens. Mais de toute évidence pour développer une telle réputation, elle doit être capable de parler d’une voix commune dans ces publications et aux réunions de stratégie. Sinon, même si des individus peuvent développer cette réputation, l’organisation, elle, ne le peut pas !
Suivre le leader ?
Et donc, pourquoi devons nous développer des organisations qui sont vue comme un « leadership des idées » ? Il y a deux réponses à cela. La première c’est que c’est une mauvaise chose que ce développement prennent place à un niveau individuel parce que ça tend à mener à un culte informel de l’individu.
La seconde par contre est plus profonde. Le monde est grand, si nous espérons jamais voir une révolution anarchiste nous devrons être capable de présenter les idées libertaires à la majorité de la population. Il y a peu de chance que les médias capitalistes ne permettent jamais à un individu le type d’accès au médias que cela requiert (et, même si ils le faisaient, cela — pour les raisons soulignés plus haut — ne serait pas une bonne chose). Donc cela devra être fait sur une base organisationnelle.
Il y a deux raison pour joindre une organisation. La première c’est pour rencontrer des gens sur la même longueur d’onde et à la fin ça tend à résulter en une petite organisation qui est formée d’un cercle d’amis (et de partenaires de querelles). La seconde c’est parce que vous croyez que l’organisation essaye d’accomplir ce que vous essayez d’accomplir, que les parties que vous ne pouvez voir (à cause de la séparation géographique ou juste à cause de la complexité) agirons d’une façon similaire à comment vous allez agir, que dans l’éventualité d’une crise vous ferez donc partie d’un nombre plus grand de gens agissant d’une façon commune sur la base d’une entente préliminaire. Tout cela nécessite une unité tactique et théorique.
Le principal malentendu qui émerge quand on discute du besoin d’unité tactique et théorique est qu’une organisation qui a une telle entente se considérera comme possédant les « vraies » idées de l’anarchisme et considérera tous les autres comme des hérétiques. Ce n’est pas difficile de voir d’où cette idée vient, encore une fois de la culture de la gauche et des 57 marques chicanières de léninisme. Mais pour les anarchistes une telle attitude n’est pas permissible. C’est aussi de toute évidence incompatible avec le rôle de l’organisation que je défendais plus tôt — celui d’être un noyau d’idées et de militants à l’intérieur des luttes de la classe ouvrière plutôt que quelque chose qui cherche à devenir le leadership formel de la classe.
Une zone finale de controverse autour de l’idée est l’abdication de la souveraineté individuelle que ça implique. Les « plateformistes » originaux parlaient de cela comme étant la « responsabilité collective » que l’organisation partage pour les actions de ces militants d’un côté et de l’autre la responsabilité des militants d’appliquer les décisions de l’organisation même là où elles sont en conflits avec leur propres vues sur le sujet. Certains anarchistes voient cela comme étant apparenté à la discipline organisationnelle que demandent plusieurs léninistes où les membres du parti doivent donner au parti un « monopole de leur activité politique » et doivent se plier au « centralisme démocratique ».
Bien sur il y a des similarités mais il y a aussi des similarités avec respecter un piquet de grève même si vous avez voté contre la grève. En fait chaque jour de notre vie nous adhérons volontairement à une « responsabilité collective », quand nous partageons des plats avec d’autres lors de fêtes, ou même quand nous décidons d’aller à un bar qui ne nous disait pas grand chose parce que c’est là que nos amis veulent aller boire ! Faire des choses qui ne sont pas notre première préférence fait pas mal partie de toutes les interactions sociales, la seule façon d’éviter cela en société serait de vivre une vie d’hermite.
Suivre le parti ?
Ce qui rend ces décisions différentes et acceptables pour nous est en fait ce qui sépare la « responsabilité collective » de la « discipline de parti ». La première et la plus importante de celles-ci c’est que nous avons une voix égale au chapitre dans le processus de prise de ces décisions. Dans l’organisation anarchiste tous ont une voix et un vote égal dans la définition des politiques de l’organisation par les discutions de congrès ou de délégués mandatés. Dans l’organisation léniniste le plus près que vous vous approchez de cela est d’avoir un genre de vote lors duquel les leaders du parti vous disent quoi faire. Deuxièmement, dans l’organisation anarchiste la nature de la discipline est volontaire dans le sens ou les membres devraient être libre de quitter des organisations avec lesquelles ils ne sont pas d’accord et d’en joindre d’autres avec lesquelles ils sont d’accord sans être regardé comme des « traître à la classe » (les lecteurs sont au courant de comment les groupes léninistes se traitent les uns les autres). Une troisième différence est que les membres seront libres de mener n’importe quelle activité à laquelle ils peuvent être intéressé en autant que ça n’entre pas en contradiction avec les politiques de leur organisation sur lesquelles ils se sont entendu plutôt que d’avoir leur activité politique monopolisé par le leadership du parti.
Plusieurs lecteurs de cet article seront probablement d’accord avec le type de structures et de principes organisationnels qu’il trace à grands traits. Mais ceci n’est pas écris simplement comme un ensemble d’idées auquel on pourrait penser et ensuite mettre de côté. Si vous êtes d’accord avec le gros des idées présentées ici, alors vous avez la responsabilité de commencer à les mettre en application en cherchant d’autres gens qui sont eux aussi d’accord et en commençant les premières étapes dans la constructions de telles organisations. D’après mon expérience, plusieurs anarchistes que j’ai rencontré sont complètement désintéressé quand vient le temps de s’exposer physiquement dans les luttes de notre classe, il est temps de mettre le même type d’énergie à construire des organisations anarchistes qui pourront redéfinir les traditions de la lutte de la classe ouvrière et se préparer pour une révolution victorieuse.